Présentation d’un criminologue devenu spirite.
Cesare Lombroso est né à Vérone le 6 novembre 1835 et décédé à Turin le 19 octobre 1909. Professeur italien, d’origine juive, il enseigna la médecine légale et fut fondateur de l’école italienne de criminologie. Il reste célèbre pour ses thèses le « criminel né » dont le retentissement fut important dans le milieu de la médecine légale et de la criminologie.
Il étudie la médecine à Padoue, Vienne et Pavie. Ensuite il prend la direction de l’asile d’aliénés de Pavie en 1864, ce qui lui permettra de renforcer ses recherches. Participa à divers congrès internationaux d’anthropologie, dont celui de Paris en 1889, où il subit un certain nombre d’attaques, très vives sur ses méthodologies, notamment de la part de l’anthropologue Léonce Manouvrier.
Bien que ses thèses suscitent des critiques et des contestations, elles laissent ses marques longtemps. Il aura eu le mérite de déplacer l’objet d’étude du crime au criminel et à sa personnalité, présageant des disciplines telles que le profilage criminel.
Pour prévenir la récidive Lombroso propose, dans son œuvre « Le Crime : Causes et remèdes » de remplacer les prisons, « le pire de tous les remèdes » par des institutions qui utiliseraient « le criminel au même degré que l’homme normal, au grand avantage de tous les deux ».
Annick Opinel, (docteur en histoire de l’art et habilitée à diriger les recherches en histoire et philosophie des sciences, responsable du Centre de recherches historiques de l’institut Pasteur), dit de Cesare Lombroso « qu’il reste le criminologiste le plus connu du dernier quart du XIXe siècle et le plus contesté après sa mort ».
Cesare Lombroso fut un adepte de la Doctrine Spirite, il écrit diverses œuvres « Hypnotisme et Spiritisme, 1909 », « L’Au-delà et les forces inconnues ». Il participa à des expériences avec le célèbre médium italien Madame Eusapia Paladino, puis avec Madame d’Espérance, et il est convaincu de la véracité des phénomènes spirites.
Les mots d’un homme humble.
Cesare Lombroso, se prononce ainsi, face aux critiques faites au spiritisme : « On traite le spiritisme de supercherie, ce qui dispense de réfléchir (…) je suis confus d’avoir combattu la possibilité des phénomènes spirites ». C’est que ce criminologue, après avoir nié un temps la possibilité de communiquer avec l’au-delà, est devenu un fervent défenseur de la cause spirite.
En homme et scientifique honnête il poursuit : « Peu de savants ont été, plus que moi, incrédules au spiritisme. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter mon ouvrage « Pazzi ed anomali » (Les Fous et les Anormaux) ou encore mes « Studi sul Ipmotismo (Etudes sur l’Hypnotisme) dans lesquels je me suis laisser aller presque à insulter les spirites. Je trouvais et je trouve encore aujourd’hui plusieurs assertions des spirites complètement inadmissibles : ainsi, par exemple, la possibilité de faire causer et agir les morts. Les morts n’étant qu’un amas de substances inorganiques, il vaudrait autant prétendre que les pierres pensent, que les pierres parlent.
Un autre raison de mon incrédulité, c’était l’obscurité où se passent presque toujours les expériences, car un physiologiste n’admet que les faits qu’il peut voir en pleine lumière. Mais, après avoir entendu quelques savants nier les faits d’hypnotisme, comme la transmission de la pensée, la transposition des sens qui, pour être rares, n’en sont pas moins positifs et que j’avais constatés de visu, je fus amené à me demander si mon scepticisme à l’égard des phénomènes spirites n’était pas de même nature que celui des autres savants pour les phénomènes hypnotiques ».
Il poursuit, avec honnêteté : « L’offre m’ayant été faite d’examiner les faits produits en présence d’un médium vraiment extraordinaire, Mme Eusapia, j’acceptai avec d’autant plus d’empressement que je pouvais les étudier avec le concours d’aliénistes distingués (Tamburini, Virgilio, Bianchi, Vizioli), qui étaient presque aussi sceptiques que moi sur la question, et qui purent m’assister dans le contrôle des phénomènes ».
Ses expériences et le phénomène des coups.*
« Nous prîmes les plus grandes précautions. Ayant examiné la personne d’après la méthode de la psychiatrie moderne, nous avons constaté une remarquable obtusité du tact (3,6), des troubles hystériques, peut-être même épileptiques, et des traces d’une blessure profonde au pariétal gauche. Les pieds et les mains de Mme Eusapia furent immobilisés par le docteur Tamburini et moi, à l’aide de nos pieds et de nos mains.
Nous avons commencé et terminé nos expériences avec la lampe allumée et, de temps en temps, un de nous faisait craquer à l’improviste une allumette pour éviter toute supercherie. Les faits observés furent assez singuliers : nous pûmes constater en pleine lumière le soulèvement d’une table et de nos chaises, et nous avons trouvé que l’effort fait pour les abaisser équivalait à un poids de 5 à 6 kilos ».
« Sur la demande d’un des assistants, M. Ciolfi, qui connaissait le médium depuis longtemps, des coups se firent entendre à l’intérieur de la table. Des coups (dans un langage conventionnel, soi-disant spirite) répondaient tout à fait à propos aux demandes faites sur l’âge des personnes présentes et sur ce qui devait arriver et arriva en effet au moyen d’un soi-disant Esprit.
L’obscurité faite, nous commençâmes à entendre plus forts les coups donnés au milieu de la table, et, peu après, une sonnette, placée sur un guéridon à plus de 1 mètre d’Eusapia, se mit à sonner dans l’air et au-dessus de la tête des personnes assises, puis descendit sur notre table. Quelques moments après, elle alla se placer sur un lit éloigné de 2 mètres du médium. Pendant que, sur la demande des assistants, nous entendions le son de cette sonnette, le Dr. Ascenti, sur l’invitation de l’un de nous, alla se placer debout derrière Mme Eusapia, et il fit craquer une allumette, de sorte qu’il put voir la sonnette suspendue en l’air et allant tomber sur le lit derrière le médium.
Ensuite, et toujours dans l’obscurité, nous entendîmes une table remuer et, pendant que les mains du médium étaient toujours bien serrées par le Dr. Tamburini et moi, le professeur Vizioli se sentait ou tirer la moustache, ou picoter les genoux, par des contacts paraissant venir d’une main petite et froide. En même temps, je sentis ma chaise enlevée sous moi, puis bientôt à sa place.
Une lourde tenture de l‘alcôve, placée à plus de 1 mètre du médium, se transporta tout à coup comme poussée par le vent vers moi et m’enveloppa complètement. J’essayai de m’en débarrasser, mais je n’y réussis qu’avec beaucoup de peine. Les autres assistants aperçurent, à 10 centimètres environ de ma tête et de celle du professeur Tamburini, des petites flammes jaunâtres. Mais, ce qui m’étonna le plus, ce fut le transport d’une assiette pleine de farine, qui eût lieu de façon que celle-ci reste coagulée ainsi que de la gélatine.
Cette assiette avait été placée dans l’alcôve, à plus de 1 mètre ½ de nous ; le médium avait pensé à la faire bouger, mais autrement, c’est-à-dire en nous saupoudrant la figure avec le contenu.
Mme. Eusapia avait dit, au milieu de ses convulsions : « Prenez garde, je vous saupoudrerai le visage à vous tous avec la farine qui se trouve ici. » La lampe ayant été aussitôt rallumée, nous rompîmes la chaîne que nous faisions autour de la table, et nous trouvâmes l’assiette et la farine transportées…
Des expériences analogues ont été exécutées par les Drs. Barth et Defiosa, qui m’écrivent avoir vu et entendu plusieurs fois une sonnette tinter dans l’air, sans être agitée par personne. Le banquier Hirsch, qui se trouvait avec eux, ayant demandé à causer avec une personne qui lui était chère, il vit son image et l’entendit parler français. « En effet, elle était française et morte depuis vingt ans). De même le Dr. Barth vit son père mort et se sentit à deux reprises embrasser par lui. Tous virent des petites flammes sur la tête de Mme. Eusapia.
(* Extraits du rapport du Dr. Lombroso, rédigé à Turin, le 12 mars 1892. Signé, Lombroso.)
Le professeur Lombroso et la science.
« Je suis forcé de formuler ma conviction que les phénomènes spirites sont d’une importance énorme et qu’il est du devoir de la science de diriger son attention, sans délais, sur ces manifestations. »
Ce fut par l’insistance de son ami le professeur Ercole de Chiaia, que Lombroso assista à cette expérience réalisée grâce à la médium italienne Eusapia, où il observa alors d’innombrables phénomènes d’effets physiques et admit la réalité de ces manifestations, mais comme bien d’autres scientifiques de son temps, il resta prisonnier de ses convictions matérialistes qui n’admettent l’existence de la pensée sans le cerveau, ni la survie de l’Esprit après la mort, pensant que les phénomènes n’étaient dus et générés que grâce aux fonctions neurophysiologiques de la célèbre sensitive.
Mais en 1902 au cours d’une autre session, alors qu’Eusapia était retenue dans une autre salle, Lombroso aperçut une ombre émergeant du mur et se dirigeant vers lui. Un frisson parcouru son épiderme. Là il reconnut sa mère, qui s’en approcha d’avantage et l’étreignit tendrement, lui faisant un baiser sur la joue. Il l’embrassa aussi, sentit sa chaire, sentit sa chaleur. Malgré sa déficience auditive, il entendit ces mots : « Cesare, mon fils ! C’est de ce moment-là qu’il va lire les œuvres ayant trait au spiritisme, et écrit un livre « Ricerche sui fenomeni ipnotici e spiritici, traduit par la suite en portugais sous le titre « Hipnotismo e mediunidade e hipnotismo e espiritismo ».
C’est dans cette œuvre qu’il réfute sa propre théorie du criminel né, disant que ce n’est pas le type physique qui détermine le type psychologique, mais exactement le contraire. Et pour ne pas laisser de doute, en 1906, il déclare à la revue « Luce e Ombra » : « Aucun géant de la pensée et de la force n’aurait pu faire ce que cette petite femme (il s’agit de Eusapia) analphabète a fait : arracher ma mère de la tombe et me la mettre dans mes bras ».
C’est vers la fin de sa vie que Cesare Lombroso devient spirite convaincu et qu’il appelait la science à étudier les phénomènes spirites.
C’est aussi en lisant les œuvres d’Allan Kardec et d’autres qu’il est convaincu de la réalité des faits spirites et qu’il change sa conception sur l’homme, criminel né.
De l’armée aux prisons.
Dans « Le souvenir de Cesare Lombroso » Madame Maxa Nordau, qui l’a bien connu dit de lui : « Très patriote, il déserta la maison paternelle, contre la volonté de son père, qui craignait des représailles de la part des Autrichiens, mais encouragé par sa mère, malgré tous les dangers, et il s’engagea dans l’armée de libération en 1859, comme jeune médecin, il est vrai, car il venait de terminer ses études médicales, mais il s’expose comme les autres et soignait les blessés sur le champ de bataille. Il resta cinq ans dans l’armée, souffrant beaucoup de la discipline militaire et du peu d’intelligence de ses chefs ; mais cela lui permit d’étudier de nombreux cas, tant du point de vue physique que mental, car parmi les soldats il y avait beaucoup d’anormaux ou de malheureux que la guerre avait déréglés. Là aussi, il put manifester son extraordinaire intuition.
Une fois sorti de l’armée, où il avait démissionné de son grade d’officier, Lombroso se voua entièrement à la médecine. A Turin, il était également le médecin des prisons, rôle ingrat mais combien important.
L’homme au grand cœur.
Lorsqu’il s’agissait de charité, il donnait sans compter ; mais il refusait de prendre une voiture, même s’il allait loin et était fatigué. Il s’élevait vers des idées et se mit à faire de la politique pour lutter contre les injustices sociales. Lombroso fut le premier à reconnaître que les criminels, surtout les assassins, étaient des malades mentaux et à ce titre avaient droit à des soins plutôt qu’à des condamnations.
Lombroso était avant tout un homme au cœur débordant d’amour et de volonté de sacrifice.
Bibliographie :
– Extraits d’un article de Adilton Pugliese, paru dans la revue spirite brésilienne « Reformador » de mai 2010.
– Extraits de l’article publié dans « Le Spiritisme », bulletin trimestriel du CSLAK, centre spirite de Bron.
– Extraits de l’écrit de Maxa Nordau « Le souvenir de Cesare Lombroso », communication présentée à la séance du 25 juin 1977 de la Société Française d’Histoire de la Médecine.
– Informations internet « Wikipédia », « Encyclopaedia Universalis » et « denistouret.net ».