Paroles de Léon Denis – 3.

Le développement graduel de l’être lui engendre des sources de plus en plus abondantes de sensations et d’impressions. A chaque triomphe sur le mal, a chaque nouvelle progression, son cercle d’action s’étend, et l’horizon de la vie se dilate. Après les sombres régions terrestres sur l’empire des vices, des passions, des violences, s’ouvrent à lui des profondeurs étoilées, les mondes de lumière, avec ses beautés, ses splendeurs, ses harmonies inébriantes. Après toutes ses vies de privations, de sacrifices et de larmes, la vie heureuse, la joie des affections divines, les missions bénies au service de l’éternel créateur.

A contrario, la mauvaise utilisation des facultés, la fruition réitérée des plaisirs physiques, les satisfactions égoïstes, restreignent nos horizons, ils cumulent l’ombre en nous et au tour de nous. Dans de telles conditions, la vie dans l’espace ne nous offre point que des ténèbres, inquiétudes, tortures, avec une vision confuse et vague des âmes heureuses, le spectacle d’un bonheur que nous n’avons pas su mériter.

L’âme, après un stage de repos dans l’espace, renaît dans la condition humaine ; en sa faveur, elle ramène les réserves et acquisitions de ses vies passées. C’est ainsi qu’on explique les inégalités morales et intellectuelles qui différencient les habitants de notre monde. La supériorité innée de certains hommes trouve son fondement dans les œuvres qu’ils ont accomplit dans le passé.

Nous sommes des Esprits plus jeunes, ou plus vieux ; nous avons travaillé plus ou moins et avons acquis plus ou moins de vertus et de savoir. Ainsi, l’infinie variété des caractères, des aptitudes et des tendances, n’est plus un énigme. Cependant, l’âme réincarnée ne réussi pas toujours à utiliser dans toute sa plénitude, ses dons et facultés. Elle dispose d’un organisme très imparfait, d’un cerveau qui n’a pas enregistré un seul souvenir d’hier.

En eux elle ne peut trouver tous les recours nécessaires à la manifestation de ses énergies occultes. Mais le passé reste en elle ; ses intuitions et tendances sont la révélation de tout cela. Les facultés innées chez certains enfants, les enfants prodiges : artistes, musiciens, peintres, savants, ce sont les témoins lumineux de l’évidence de cette loi. Parfois, des âmes géniales et orgueilleuses renaissent dans des corps d’infirmes, souffrants, afin de devenir humbles et acquérir les vertus qui leur faisaient défaut, patience, résignation, soumission.

Toutes les existences pénibles, les vies pleines de luttes et souffrances, s’expliquent par les mêmes raisons. Ce sont des moyens transitoires, mais nécessaires, de la vie immortelle ; chaque âme les connaîtra à son tour. Les épreuves et la souffrance sont tout autant des moyens de réparation, d’éducation, d’élévation, c’est ainsi que chacun éteint son passé coupable et va acquérir à nouveau le temps perdu.

C’est de cette façon que les caractères se retrempent, que l’on gagne en expérience et que l’homme se prépare pour des nouvelles ascensions. L’âme qui souffre cherche Dieu, elle se rappelle à son invocation et, c’est ainsi qu’elle se rapproche de Lui.

Chaque être humain en revenant dans ce monde, perd le souvenir du passé ; qui lui est fixé dans le périsprit, disparaissant momentanément sous l’enveloppe charnelle. Il y a dans tout cela une nécessité physique, il y a aussi une des conditions morales des épreuves terriennes, que l’Esprit vient à nouveau affronter ; restituer à l’état libre, délié de la matière, il reprend la mémoire des nombreux cycles parcourus.

Cet oubli temporaire de nos existences antérieures, les alternatives lumineuses et obscures qui se produisent en nous par étranges quelles nous semblent à première vue, ont une explication facile. Si notre mémoire actuelle ne nous permet pas de nous rappeler nos premières années, il ne faut pas nous étonner d’avoir oublié des vies séparées entre elles par une longue permanence dans l’espace.

Les états de vigile et de sommeil par lesquels nous passons tous les jours, de la même façon que les expériences somnambuliques et hypnotiques, prouvent que nous pouvons momentanément oublier l’existence normale, sans perdre pour autant notre personnalité.

 


 

Bibliographie

 

* – Léon Denis – écrivain, dirigeant spirite français né à Foug, le 1.01.1846 et désincarné à Tours le 12.04.1927

1 – Cet article est un extrait de son œuvre « Cristianismo e Espiritismo » Pages 221 à 222.