En l’an 1857, sur le ciel de Paris apparaît une étoile étincelante. Après des siècles de luttes et de combats, entre le progrès et la rétrogradation, cette lumière d’abord ténue va rayonner chaque jour d’avantage. Elle apporte en son sein une nouvelle conception, de l’homme et du monde, de la destinée humaine, de la vie et de la mort.

Cette conception, nouvelle, apparaît comme une référence déterminante concernant la question de l’immortalité de l’Âme Humaine, sa survivance. Elle remet à l’ordre du jour la question millénaire que tant de générations se sont posées sur la résurrection ou la renaissance, la possibilité de la réincarnation de l’âme.

Que fait l’âme dans son immortalité ? Où va telle séjourner ? A-t-elle des activités, dans la mesure où elle survit à la mort du corps, celui dont elle s’est revêtue durant sa vie terrestre ? Les questions que l’humanité s’est posait au fil des millénaires, plus ou moins clairement, trouveraient-elles réponse dans la nouvelle doctrine, qui déclare que l’Âme non seulement survit à la mort physique mais qu’elle peut se communiquer avec ceux qu’elle a laissés, pour un temps, en attente de suivre la même destinée.

La Doctrine des Esprits, la Doctrine Spirite ou tout simplement le Spiritisme, vient innover, secouer les intelligences, faire sortit du tombeau les morts pour déclarer à la face du monde, que la seule mort concerne le corps matériel, enveloppe provisoire et momentanée de l’Esprit, mais que celui-ci n’est jamais mort, malgré les déclarations nihilistes de toutes les époques.

Cent soixante ans après, où en sommes-nous ?

Notre courant philosophique, scientifique, apporte avec lui une nouvelle conception de la morale et du comportement social des Hommes. D’abord, parce qu’il s’adresse à l’intelligence humaine, ensuite parce qu’il touche les cœurs. Et, pas seulement celle des soit disant vivants, mais aussi celle des habitants de l’Au-delà. « Hommes, Spirites, étudiez et aimez-vous ! » et encore « Sans charité, point de salut ! » Et pour renforcer ce que la nature et la vie nous apprennent voilà qu’il nous donne cette magnifique conclusion : « Naître, Vivre, Mourir, Renaître et Progresser Toujours Telle Est la Loi ! »

Notre société des Esprits réincarnés, en ébullition constante, ne cesse en effet de changer, passant par des situations où règnent soit l’ombre soit la lumière. Entre guerre et paix, les Hommes se fraient un passage, en élaborant eux-mêmes leur histoire, et peut-être malgré ce qu’ils pensent, en liaison avec les habitants de l’au-delà, leurs frères et leurs voisins.

Un monde, deux mondes, dont les habitants sont les mêmes à des moments différenciés, et en adaptation aux éléments propres à la composition fluidique du monde où ils vivent respectivement. Ils, nous, nous influençons et nous interrogeons mutuellement sur les uns et les autres. Parfois, en se disant, pourquoi je ne suis pas entendu, écouté, pourquoi ne me répond-t-ils pas ? Et, pourtant, jamais de voisins ne se sont pas côtoyés de si près, sans se saluer.

Sauf, pour celles et ceux dont l’acquisition de la faculté médiumnique, qu’elle soit intuitive, clairvoyante, clairaudiante, ou odorante, et qu’ainsi se rendent compte des présences réelles, dites invisibles. Ne serions-nous, les Esprits réincarnés, ici-bas, accompagnés dans nos multiples activités de ses présences désincarnées, prêtes, soit à nous aider, soit à nous entraver la marche, en fonction de ce que nous sommes les uns et les autres.

Ce qui est sûr, c’est que ni les uns ni les autres nous ne cessons de nous influencer mutuellement. Depuis toutes ces décennies passées, entre ombres et rayons de lumière, le Spiritisme n’a cessé de progresser, de préparer les mentalités, à vivre dans un monde meilleur, d’entente fraternelle, de paix, par le pardon mutuel et par l’amour.

Partant des phénomènes d’Hydesville (aux Etats-Unis) avec la famille Fox, les Tables Parlantes vont avoir beaucoup de succès dans les salons aisés de la société parisienne des années 1850. Le bouillonnement du phénomène va permettre à des hommes de science de s’y intéresser, dont Allan Kardec et quelques autres de ses amis. Ils y décèlent, une force, une intelligence, et, peu à peu ils y retirent les bases théoriques de la nouvelle doctrine. Des hommes appartenant à la fine fleur de l’intelligentsia parisienne va y participer. Citons entre autres, Allan Karde et Amélie Gabrielle Boudet, Victor Hugo, Charles Richet, Gabriel Delanne, Camille Flammarion, Léon Denis, Henri Regnault, Marie Curie, Pierre-Gaëtan Leymarie, Victorien Sardou, entre autres.

Le mouvement va peu à peu se développer. 160 ans après ses débuts, plusieurs millions de personnes dans le monde mettent en pratique ses principes fondamentaux. Aujourd’hui, et malgré bien des efforts, le mouvement n’est pas unique, plusieurs organisations se disputent la présence, soit en Europe, soit en Amériques du Sud, soit ailleurs dans le monde. Mais ses divergences, ne cachent pas cette réalité que le spiritisme est l’un des mouvements qui c’est le plus rapidement développé dans l’histoire.

S’étant structuré d’abord en France, du temps d’Allan Kardec et de son épouse Amélie Boudet, d’où la première association spirite au monde, et ayant engrangé ici ses premières heures de gloire, il va apparaître et se développer dans les pays voisins, la Belgique, l’Espagne, la Suisse, le Portugal, l’Allemagne. Les guerres de la fin du 19éme siècle et celles qui ont ensanglanté le 20éme mettant à feu et à sang toute l’Europe, son axe premier de développement va se transférer en Amérique du Sud, plus particulièrement au Brésil où son essor fut fulgurant.

Un certain nombre des groupes spirites existent aujourd’hui en France, appartenant à divers labels. Certains autres, ne sont pas adhérents aux courants existants. Cependant, parmi ces groupes, certains se réclament de l’appartenance aux fondamentaux d’Allan Kardec. Quelques milliers de personnes en France, sont soit pratiquants, soit ses compagnons de route.

L’éclatement actuel en France, n’est pas propice à une action conjointe et permettant une diffusion massive et coordonnée de la Doctrine Spirite. A un moment où la société vit des difficultés importantes, et pourrait bénéficier de l’action bienfaisante et apaisante, solidaire et fraternelle, apportée par les enseignements et la pratique spirite, c’est vraiment dommage que le mouvement reste si éclaté. Un mouvement réuni démocratiquement, sur des bases simples, ayant pour but essentiel de servir et la doctrine elle-même et ceux qui pourraient en bénéficier, trouverait une nouvelle force, dans les énergies actuellement éparpillées.

Le Spiritisme, en tant que doctrine unifiée, à certainement un rôle à jouer bien plus important, que celui qu’il joue actuellement, du fait même des idées qu’il défend et qu’il propose. L’idéal spirite, par ses principes, son enseignement, ses explications, en ce qui concernent, la Vie, l’Homme, la Nature terrestre et l’Univers, par le maillon qu’il propose entre la existence matérielle et spirituelle des Hommes comme de toutes les formes de vie, l’incarnation et la réincarnation, en un mot l’immortalité de l’Âme, pourrait jouer un rôle, en effet, largement plus utile et important qu’il ne joue à cause de son manque d’unité organisationnelle.

C’est cette efficacité qu’il faudra bien chercher, que les générations futures de spirites doivent se donner comme but essentiel à son essor, et, son enracinement, dans le cœur des Hommes. La société humaine en a besoin, afin de trouver une issue à ses maux, ses souffrances, morales, psychiques et physiques. Sans croire avoir une réponse à tout, il a cependant des réponses à de multiples questions et problèmes actuels, qu’ils soient d’ordre socio-matérielle, où spirituels. Si dans un avenir assez rapproché, le Spiritisme se trouvait dans l’impossibilité de jouer son rôle, d’autres seront appelés à le faire. La roue de l’histoire tourne sans cesse et doit trouver le chemin qui se montre le plus adéquat à son mouvement, vers l’avant.