L’homme visible et l’homme invisible.
Si le corps est le reflet de l’homme intérieur, il va de soi que comme l’homme extérieur, l’homme intérieur aie une constitution aussi organisé et complexe. Les organes visibles composant le corps physique humain doit retrouver sa source organique dans la matrice de cet homme intérieur, que les spirites nomment, depuis Allan Kardec, de périsprit.
L’un et l’autre, homme intérieur et homme extérieur, constituent les outils permettant à l’homme Esprit, personnalité centrale, immortelle et sujette aux progrès, de se manifester sur le plan de la matérialité.
Ces deux hommes, n’auraient aucune possibilité d’action, sans l’intervention de l’homme Esprit, qui les alimente et les actionne en fonction de ses besoins et des conditions de l’environnement où il se trouve et agit.
De même cette extensibilité de la personnalité centrale, au moyen de ses extensions, le périsprit et le physique, ne pourrait agir, ni être utile, à ses propres besoins de progrès et d’évolution, sans la présence d’instruments de détection et les réactions permises, c’est-à-dire les informations captés et reçues par le physique puis envoyées vers le périsprit.
Ces informations venant du monde matériel extérieur et environnemental, selon le climat, les espèces vivantes existantes, ou de tout autre phénomène de la nature ayant sa source dans le monde invisible et agissant sur l’environnement corporel où se manifeste la présence de l’homme Esprit.
Cet homme Esprit est donc un complexe tridimensionnel, dont le fonctionnement a débuté depuis des millions de siècles, dans le milieu des animaux microscopiques, ou micro-organismes, les champignons les levures, et il s’est complexifié et perfectionné en fonction des besoins évolutifs manifestés à chaque étape de son acquisition structurelle psychique et somatique.
Rien ne se perd et tout se transforme. Ceci éclaire sur le fonctionnement de la loi de cause et effet qui transforme l’état des choses entre l’intérieur et l’extérieur. Si notre environnement extérieur est important pour notre bien-être intérieur, sachons que nos conditions intérieures sont aussi importantes que décisives pour l’acquisition de ce bien-être.
Tout est soumis à la transformation, aussi bien les éléments extérieurs que notre être intérieur. Tout est transitoire. L’homme d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui et l’homme actuel ne sera pas celui de demain. Si l’entité central ou Esprit est la même, elle aura au fil du temps et des incarnations successives subi des degrés de progrès plus ou moins importantes.
Et si du point de vue extérieur et physique bien des choses changent les acquis intérieurs ne se perdent jamais. Ils ne font que s’améliorer. Les vertus acquises ne se perdent plus, mais elles se transforment et se renforcent. Elles sont déterminantes dans l’évolution de l’Être Central ou Esprit dans sa marche vers la perfection et son mieux-être.
Les vertus et les inclinaisons au bien, sont à l’Etre ce que les ancres sont pour les navires et les marins, particulièrement au moment des heures difficiles, lorsque les vents et les tempêtes soufflent hérissant la mer. Elles sont la garantie d’une bonne tenue, d’un équilibre et d’un bien-être où le bon sens agit et gouverne, en vue de notre devenir.
Rien, mais rien, n’est issu d’une force créatrice aveugle. Toute création, de la plus minuscule à la plus grande parmi les grandes, résulte de cette force créatrice et intelligence suprême, qui a créé et donné vie à l’univers. Cette source suprême, créatrice nous a octroyé les moyens de notre propre transformation et nous a équipés des éléments qui au fil des millénaires et des réincarnations successives nous ont permis d’atteindre notre état d’évolution actuel. Le néant, c’est le néant, et donc il ne peut être créateur de quoi que ce soit.
Notre voyage évolutif, a pour but de nous transformer en des Etres plus beaux et heureux, mieux à même de collaborer dans cette entreprise extraordinaire qu’est-ce la vie. Nous sortons des mains du Créateur, pour y retourner totalement transformés, grâce à son essence et son souffle et à notre travail et nos propres efforts.
L’homme est un Être évolutif.
La parabole de l’évangile sur le fils prodigue est le reflet de cet énorme et long voyage transformateur de départ et retour à la source de vie. Il n’y a ici, de force aveugle agissante ni d’évolution innée. Tout résulte des confrontations de la vie, et compris de la vie sociale des espèces vivantes et particulièrement de la vie humaine en société.
Les écueils et la douleur, les luttes, l’adversité, sont les conditions et les forces de la vie qui nous font progresser et évoluer. La douleur correspond à l’état actuel de notre évolution. C’est elle qui nous pousse et agit en tant que force dynamique et agissante pour nous faire sortir de cet état vers le suivant. Elle est aussi nécessaire à l’évolution physique que morale et spirituelle de l’Être Central ou Esprit.
L’homme est dans un laboratoire cosmique, où il développe ses propres facultés intellectives et psychiques, où il améliore ses capacités physiques propres à son incarnation actuelle, afin de se préparer à augmenter son état de conscience et à devenir un instrument des œuvres suprêmes, lesquelles nous réservent un futur largement optimal. La grande et déterminante question est celle de notre adhésion consciente aux nécessités de progrès. L’homme est une des composantes de la nature, à ce titre nous pouvons dire qu’il est aussi la nature et qu’il doit s’éveiller et s’adapter, s’harmoniser, avec la vie et son environnement.
Saara Nousiainen (1) nous dit que « le Spiritisme est arrivé à la fin de l’actuel cycle d’évolution de la Terre dans le but de d’aider l’être humain pendant la période de transition, l’exhortant à bien agir, à avoir des attitudes nobles, justes et fraternelles et enfin à vivre l’éthique cosmique. »
Le but du Spiritisme, en effet, est celui du réveil de l’être humain, vers une conscience accrue de son identité, des buts de son existence, et de son amélioration éthique : morale et spirituelle.
On dit que certaines facultés de l’homme sont innées, dans le sens où elles constituent l’héritage de tout le travail accompli depuis des millénaires et des réincarnations successives, même avant d’intégrer la condition humaine, vécues, lui permettant d’emmagasiner les connaissances les unes après les autres. A ce titre on peut parler d’innée, mais seulement dans ce cas, car rien n’est innée mais résulte de son acquis.
La connaissance et les progrès accomplis sur le cerveau humain, confirment l’influence et le travail de transformation permis par la vie en groupe et plus largement en société. Rien ici n’est inné, l’apprentissage fut un long processus multiforme qui résulte de ses capacités d’adaptation, dont la réincarnation permet de dévoiler et de remettre en question afin de nouvelles acquisitions.
Le cerveau humain, du temps des hommes des cavernes et celui des hommes actuels, à lui-même changé et complexifié. Son organisation générale, codée par les gènes, hérités des espèces de notre ascendance durant des millions d’années d’évolution. Nous savons, aujourd’hui, que des comportements très élaborés peuvent être codés dans les gènes, et parait-il chez les animaux. La grande plasticité du cerveau humain forme le socle biologique de notre capacité formidable à apprendre et à s’adapter.
Il faut savoir que lors de la naissance à peine 10% des connexions entre neurones sont établies. Les 90% restant, des connexions entre neurones, se mettent en place entre l’enfance, l’adolescence et évoluent tout au long de la vie. Ceci représente le travail élaboré pendant que dure la vie, et après la mort le relai est pris par le cerveau existant dans le périsprit impérissable.
Toute cette évolution, de l’enfance à la disparition physique, se développe et se spécialise sous l’influence de notre environnement physique, familiale, sociale et culturel. « La neuroplasticité branche de la science biologique qui étudie les mécanismes des neurones fut étroitement liée aux recherches sur les mécanismes physiologiques de la mémoire. (…) Puis l’arrivée de la biologie moléculaire… et l’identification de la structure de l’ADN » (2) entrainèrent des progrès décisifs dans la connaissance de la mémoire humaine et animale.
« Il faut aller encore plus loin dans notre analyse des phénomènes mentaux associés à la moindre interaction entre nous et notre environnement, de quelque nature soit-elle. Le cerveau ne se contente pas de lier la perception nouvelle au passé, il se projette de plus à partir d’elle dans le monde de l’imaginaire et il crée de nouvelles images mentales qu’il associe.
Le cerveau se lance dans des interprétations des données qui lui sont parvenues et les intègre dans de nouveaux modèles de la réalité qui se présente alors à notre conscience. Nous sortons ainsi modifiés de toutes nos rencontres, physiques, mentales ou sociales parce que notre cerveau ne les traite pas comme des éléments neutres, simplement perçus.
Chaque interaction avec le monde dans lequel nous évoluons donne lieu à une re-création cérébrale dans laquelle la perception originelle est travestie à la lumière d’éléments mentaux non seulement hérités d’un passé lui-même largement reconstruit, mais également anticipés à partir de la projection de notre cerveau vers des avenirs potentiels. Comme le dit Chris Frith, « notre cerveau crée notre univers mental ».
Si le progrès, comme nous venons de le voir se produit sur le plan de la vie biologique, il est autant le fait de la vie en société et du niveau de culture atteint par la société, des moyens de partage de la connaissance et donc de l’éducation.
Conscience et inconscient (3).
« Une des questions que l’imagerie cérébrale a contribué à éclaircir est celle de l’inconscient. (…) Dans son acception moderne, le terme d’inconscient renvoie à des phénomènes psychiques que le sujet n’est pas capable de « rapporter » alors même qu’ils influencent sa perception ou son action. (…)
D’une façon étonnante, ce comportement « automatique » s’est révélé extrêmement exact, démontrant ainsi l’existence d’un phénomène perceptif efficace non rapportable, donc inconscient. (… ) Le cerveau peut donc percevoir sans être capable de rapporter, grâce à des circuits nerveux au moins en partie distincts de ceux qui conduisent à la perception consciente. »
L’influence des civilisations humaines.
Toutes les civilisations depuis les plus anciennes à nos jours, ont contribué au progrès et ont agi en tant qu’aiguillons incitant les hommes à aller plus loin, dans leurs recherches, leurs découvertes et afin de mieux comprendre l’environnement et les diverses formes de vie qui le peuplaient, puis en inspectant leur propre univers physique pour mieux se connaître eux-mêmes.
Toutes ces civilisations, de la Mésopotamie, à l’Egypte, de la Grèce à Rome, des anciennes civilisations de l’Inde à la Chine en passant par la Perse, ont été des constructions et organisations humaines, qui dans leur diversité ont contribué au progrès des hommes. Par les besoins des grandes concentrations humaines qui ont formé les premières cités, la pensée s’est exercée sur un terrain de plus en plus vaste à la recherche de solutions aux problèmes posés par le vivre ensemble.
« Nos ancêtres les Mésopotamiens ont inventé l’écriture… la raison et les dieux. » (4) C’est dans ses importantes cités que des découvertes vinrent le jour et qu’un certain développement des forces productives, créant une plus-value et l’accumulation de la richesse, laissent du temps libre et permettent aux hommes de réfléchir à améliorer leur sort.
La sédentarisation et l’agriculture, l’élevage, entrainent la concentration des hommes et une organisation sociale qui s’est répandu sur l’ensemble de la planète, avec des différenciations et des décalages dans le temps, des unes aux autres.
Puis est venue le temps de l’utilisation de la pierre, instrument, arme de chasse et de guerre, puis le polissage, etc. Les premières techniques permettant d’améliorer le quotidien des hommes constituèrent une véritable révolution.
Le mode de vie et l’organisation de la société avec ses premiers producteurs libres, les artisans. Les besoins croissants en armes, en produits élaborés, puis la découverte du feu furent déterminantes et poussèrent toujours les hommes à réfléchir, à trouver de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux, le fer, par exemple. Puis le besoin d’un grand nombre d’hommes concentrés pour produire ont emmené à organiser collectivement la production surtout dans les mines.
La spécialisation, l’avancement des connaissances, le savoir-faire croissant et la transmission de ces connaissances aux autres à des générations de nouveaux producteurs se sont imposées. Ce fut une nouvelle marche en avant vers une première urbanisation, et de la spécialité advient une division du travail et les différentiations entre la cité et la campagne.
Le progrès aidant, la sédentarisation, la concentration des moyens de production, en outils et en masses de travailleurs, vont faire apparaître les classes aux intérêts divergents. Ce que l’histoire a enregistré en tant que exploiteurs et exploités. Et là, l’humanité divisée en classes va connaître l’oppression et la violence. Progrès ou pas progrès, c’est la réalité qui s’est imposée. Mais la voie du progrès se maintient et l’humanité va voir ses membres s’accroître augmentant ainsi la masse des hommes sur le globe. Autant de possibilités pour les incarnations et les réincarnations en masse.
Naître, renaître et progresser toujours, telle est la loi !
Le progrès par la réincarnation, en tant que loi biologique, et, en tant que nécessité, est sans aucun doute l’une des plus belles épopées de la destinée humaine et du burinage de l’Esprit. Son perfectionnement sur tous les terrains, corporel, moral et spirituel, va se traduire par des conquêtes de plus en plus audacieuses, et de grandes dimensions. La conquête des mers et des océans, vont être l’occasion d’une ascension et vont pousser encore plus loin en faisant prendre des risques et des dangers, mais l’homme entreprend, navigue et devient maître du monde.
Il connaît des nouveaux horizons, de nouveaux modes de vie et de civilisation, il va connaître d’autres semblables et commercer et échanger, il va construire de nouveaux empires et développer dans ces contrées du monde jusque-là inconnues, de nouvelles civilisations.
Les entrailles de la terre, vont être remuées, des terrains non cultivés, vont être retournés et de nouvelles productions vont voir le jour. La forêt va se réduire peu à peu, et être mise au service de nouvelles cultures. Des vastes champs vont servir à l’extraction de minerais, de pétrole et autres richesses du sous-sol.
Le monde des hommes est un immense chantier où se mêlent des gens et où se retrouvent au coude à coude des Esprits aussi divers et différentiés dans le but d’échanger et de développer la solidarité et la fraternité, malgré les écueils rencontrés, et parfois la guerre.
Un monde nouveau est en train d’immerger des profondeurs de la civilisation différentiée mais maintenant mondialisée. La planète devient une seule et même famille, un seul et même pays, où nous devons apprendre à vivre ensemble, de mieux en mieux, et, pour de longs millénaires.
Bibliographie :
1 – « Nos e o Mundo Espiritual » (Nous et le Monde Spirituel), par Saara Nousiainen, page 155.
2 – « Le cerveau et la pensée » de Marc Peschanski, chercheur.
3 – « Le cerveau et la pensée » de Marc Peschanski, pages 127,128 et 129.
4 – « Mésopotamie » – L’écriture, la raison et les dieux – par Jean Bottéro.