Le pacte obsesseur – III.

Présentation

 

Nous vous présentons le troisième épisode du massacre des huguenots dont nous parle l’histoire de France. L’histoire n’est pas nouvelle. Les huguenots, c’est ainsi qu’ils se faisaient appeler par les catholiques, (citoyens ayant adopté le protestantisme et plus spécifiquement le calvinisme. Nous étions, alors en 1572, sous le règne de Charles IX et de Catherine de Médicis. La France subissait la discorde, la désunion était frappante et nombreux étaient ceux qui réclamaient vengeance à l’endroit des calvinistes. Cependant, certains gouverneurs de province étaient en désaccord avec les projets assassins et n’ont pas autorisé de tels massacres sur les terres dont-ils avaient la juridiction.

Les troupes du roi, trouvent un allier chez le fameux Henry I° – Duc de Guise et Prince de Loraine – et se préparent au massacre des huguenots, qui ne s’attendaient pas à une telle violence, où des familles entières, hommes, femmes et enfants, furent sauvagement violentés et assassinés.

Cela nous fait penser à ce que dit Allan Kardec dans «l’Evangile selon le spiritisme» par rapport à l’amour en tant qu’antidote de la haine : «L’amour est d’essence divine, et depuis le premier jusqu’au dernier, vous possédez au fond du cœur l’étincelle de ce feu sacré. C’est un fait que vous avez pu constater bien des fois : l’homme le plus abjecte, le plus vil, le plus criminel, a pour un être ou pour un objet quelconque une affection vive et ardente, à l’épreuve de tout ce qui tendrait à la diminuer, et atteignant souvent des proportions sublimes… ». (1)

Intrigue et complot

 

Complote, médit autant que tu peux, Ruth ! Intrigue, trahi tous ces gens, par tous les moyens, et ment sans arrêt, garde la vérité pour plus tard, pour le jour où tu seras à l’abri hors de France… outre main tu seras écrasée, si tu n’agis pas de la sorte, par la Cour de Catherine de Médicis…

« Louis de Narbonne est fils de roi ou de reine, qu’importe ?!… Mais, dés que tu seras à Paris, affirme-toi, partout, fait des confidences à tes supposés amis, dis-leur que ton père, que dans ce cas sera le comte de Louvigny, racontait pendant la veille du soir, à ta mère, devant toi, que le Capitaine de la Foi était l’enfant bâtard d’Henry II, oh oui ! Et que lui, le Comte, la vu naître… fait-le jusqu’à ce que cela arrive aux oreilles de Catherine…

Le comte de Louvigny, mon père, fut, effectivement, compère des aventures nocturnes de l’ex-Roi, qui n’a jamais aimé sa Reine et épouse… A la faveur de cela il a connu ses petits secrets d’infidélité conjugale, et compris les grands… et la Reine ne l’a jamais ignoré, d’autant que Catherine de Médicis n’ignore jamais rien…

C’est par cela même que tous croiront ta parole désobligeante ou feindront l’accepter, et compris la Reine…la Cour est oisive et les oisifs vivent de médisance et de scandales… Tous prendront en compte cette affaire si palpitant, d’autant que la paternité du Prince de Narbonne est un secret qui passionne et que tout ce monde vaudrait connaître…alors que personne n’aurait le courage de le faire savoir a ce circonspect faiseur de ronds de jambe de curés…

Invente un roman d’amour véritable sur la naissance de ce misérable théologien, afin de le mettre au tour d’Henry II… et fait toi aimer de lui-même, sans mettre en cause ta propre personne, quelle que soit la situation qui vienne à se produire envers lui…

Rappelle-toi que, sans lui, ta famille aurait passée inaperçue da la persécution des « huguenots »… Louis, est un homme facile à conquérir… disait Arthur, qui a vécu à la Cour, qui comprend parfaitement le tempérament masculin et est son ami intime – justement par son inexpérience sur les questions de l’amour… il est faible, ce sera l’unique arme dont tu disposeras…

Sûre de te faire aimer de lui, cherche à le rapprocher et à l’unir d’avantage à la maison de Guise… complote jusqu’à ce que la Reine s’en aperçoive et prenne peur, car ceux de Guise ce sont des conspirateurs… étale par des manœuvres habiles parmi les courtisans, qu’il s’agit de détrôner les Valois afin de couronner l’un des Lorène… Ou encore l’un des fils bâtards d’Henry… qui pourra aussi bien être un des enfants de la belle Diane (2) comme Louis…

Catherine a peur des princes de Lorène parce qu’elle sait qu’ils lorgnent vers le Trône, désirant s’y asseoir si l’occasion se présente… De là quelle prenne au sérieux une seule intrigue en rapport avec la conspiration…Et même si elle ne lui prête attention, cela lui servira de prétexte pour les poursuivre tous deux, d’autant quelle ne les aiment pas… et remerciera l’intrigante… Va à la recherche de Catherine, ose… Si nécessaire, raconte-lui tout, la mettant au courant de tes projets…

Met-toi à son service, inspire lui confiance, sert-la bien, obéit-lui selon ses ordres, tout en sachant, cependant, et même si elle se montre aimable, elle reste une mauvaise et infidèle personne, capable de tous les crimes ! Raconte-lui, entre mystères les rêves fantastiques que t’a eu, si tu souhaite obtenir quelque chose d’elle.

Parle lui des fantômes qui se révèlent par tes pouvoirs psychiques et te donnent bien des indications… et un jour feint être nerveuse et ayant peur et dit lui que tes fantômes – sache qu’a ce montent-là se sera moi ce fantôme – exigent la perte de Narbonne afin d’assurer le trône des Valois… Et Catherine, feignant te croire, s’y rendra soumise à tes propos, tout en lui disant qu’Arthur lui-même raconte que s’est le comte de Narbonne qui s’est plaint à lui-même en disant que la Reine-mère n’attend que l’occasion pour lui tendre ses griffes…

Surtout, ma pauvre Ruth, oublie la Réforme pour le moment ! Va vers les autels et le clergé, ainsi le chemin de la vindicte te sera moins pénible… cependant, si tu réussis selon tes désirs, éloigne toi de Catherine et du clergé, car tu seras perdue d’avance si jamais tu hésites pendant la fuite… la mégère qui gouverne la France à par habitude de dévorer les complices de leurs propres turpitudes…

A Paris, Arthur est absent, il ne reviendra aussitôt, personne ne doutera de ta véritable identité… d’autant qu’elle n’a jamais été présenté à la Cour… Louis de Narbonne, à son tour, s’il sait que j’existe, il ne me connaît pas personnellement, ce qui facilitera l’entreprise… » – Mais… murmure, Ruth la malheureuse sœur de Charles Philippe, atterrée devant la sombre et diabolique trame exposée par son amie, dont on pourrait penser que sont mental était sous l’emprise des sinistres phalanges des ténèbres. – Alors… mon Otilia… réfléchit, toi qui a tant aimé Charles : – comment je trairais ma Foi et l’honneur de ma famille, au moyen d’une telle aventure ?…Et comment mentirais-je à mon prochain, si les Ecritures…

– Si toi ne le faits pas, ils te rendront malheureuse, plutôt que tu le penses, sans avoir réussi à les châtier de leur massacre à La Chapelle…et le moins qui puisse t’arriver se sera ton emprisonnement à la Bastille ou dans toute autre prison, t’est persécutée, et recherchée par l’infâme Comte… Et si tu veux vaincre cette bataille difficile ayant débutée sur les terres de ta naissance, il sera absolument nécessaire que tu attaques l’ennemi, décidée et rapidement… Serais-je assez forte pour accomplir le drame auquel tu m’incites ? (…)

Ruth tordez ses mains, nerveuse, elle pleurait regardant ses compagnons de ses yeux hagards. Alors, qu’Otilia, s’approchant de la mort, se rendait d’avantage odieuse, au lieu de contrite et soumise à Dieu, elle poursuivait dans sa tâche déplorable de conseillère des ténèbres, alors que sa respiration devenait difficile, et ses poumons de plus en plus fatigués, elle persiste : – Mon frère disait de la Cour tout ce que je viens de te répéter et Mère Victoire, Mon ancienne et bonne maitresse du Couvent des Ursulines, disait de même. (…)

Pour atteindre ses objectifs, et, incitant la jeune Ruth à accomplir ses projets macabres, elle lui fait la fait s’agenouiller et jurer au nom de la Foi et de Jésus, le front sur les Ecritures Saintes… Quelques jours après Otilia terminé, par un dernier soupire, ses jours sur cette terre. Ruth devenait son héritière, acceptant l’identité de son amie d’enfance… La voici à Paris, le matin pluvieux du 20 octobre 1572, devant la fameuse cavalerie du Sieur de Narbonne, celle qui avait envahit le Château où elle est née, et massacré touta sa famille.

C’est ainsi qu’à la porte du Palais Raymond, Ruth de La Chapelle et Louis de Narbonne ont fait connaissance, comme si les lois capricieuses du destin étaient pressées de les mettre en présence l’un de l’autre…

 


Bibliographie

 

(1) – Dans l’Evangile selon le spiritisme, d’Allan Kardec, chap. 11, pages. 172&173, item 9.

(2) – Diane de Poitiers, fille du comte de Saint-Vallier. Veuve de Louis de Brézé. Célèbre favorite du roi Henry II.

Page 73 à 79, chapitre 4, sous le titre « Pacto obsesseur » (Le pacte obsesseur).