Centre Spirite Lumière et Amour. (1)
La vieillesse est l’automne de la vie ; sur son dernier déclin, elle en est l’hiver. Rien qu’à prononcer ce mot de vieillesse, on sent déjà le froid qui monte au cœur ; la vieillesse, selon l’estimation commune des hommes, c’est la décrépitude, la ruine ; elle récapitule toutes les tristesses, tous les maux, toutes les douleurs de la vie ; c’est le prélude mélancolique et désolé du final adieu.
Il y a là une grave erreur. D’abord, en règle générale, aucune phase de la vie humaine n’est entièrement déshéritée des dons de la nature, encore moins des bénédictions de Dieu. Pourquoi la dernière étape de notre existence, celle qui précède immédiatement le couronnement de la destinée, serait-elle plus désolée que les autres ? Ce serait là une contradiction – et il ne saurait-y en avoir dans l’œuvre divine – tout y est harmonie, comme dans la vivante composition d’un impeccable concert. Au contraire, la vieillesse est belle, elle est grande, elle est sainte ; et nous allons l’étudier un instant, à la lumière pure et sereine su spiritisme.
Cicéron a écrit un éloquent traité sur la vieillesse. Sans doute, nous retrouvons dans ces pages célèbres quelque chose du génie harmonieux de ce grand homme ; néanmoins, c’est une œuvre purement philosophique et qui contient que des vues froides, une résignation stérile, et de pures abstractions.
C’est d’un autre point de vue qu’il faut se placer, pour comprendre et pour admirer cette péroraison auguste de l’existence terrestre.
La vieillesse récapitule tout le livre de la vie, elle résume les dons des autres époques de l’existence, sans en avoir les illusions ni les passions, ni les erreurs. Le vieillard a vu le néant de tout ce qu’il quitte ;il a entrevu la certitude de tout ce qui va venir, c’est un voyant. Il sait, il croit, il voit, il attend. Autour de son front, couronné d’une blanche chevelure comme de la bandelette hiératique des anciens pontifes, plane une majesté toute sacerdotale. A défaut des rois, chez certains peuples, c’étaient les Anciens qui gouvernaient.
La vieillesse est encore, et malgré tout, une des beautés de la vie, et certainement une de ces harmonies les plus hautes. On dit souvent : quel beau vieillard ! Si la vieillesse n’avait pas son esthétique particulière, pourquoi cette exclamation ?
Toutefois, il ne faut pas oublier qu’à notre époque, y a, comme le disait déjà Chateaubriand, beaucoup de vieux, ce qui n’est pas la même chose et peu de vieillards. Le vieillard, en effet, est bon, il est indulgent, il aime et encourage la jeunesse ; son cœur, a lui, n’a point vieilli, tandis que les vieux sont jaloux, malveillants et sévères ; et si nos jeunes générations n’ont plus pour les aïeux le culte d’autrefois, n’est-ce pas, précisément, parce que les vieux ont perdu la haute sérénité, la bienveillance aimable qui faisait jadis la poésie des antiques foyers. La vieillesse est sainte, elle est pure comme la première enfance c’est par cela qu’elle rapproche de Dieu et qu’elle voit plus clair et plus loin dans les profondeurs de l’infini.
Elle est, en réalité, un commencement de dématérialisation. L’insomnie, qui est la caractéristique ordinaire de cet âge, en est la preuve matérielle. La vieillesse ressemble à une veille prolongée. La veille de l’éternité, et le vieillard est comme la sentinelle avancée sur l’extrême frontière de la vie ; il a déjà un pied dans la terre promise et voit l’autre rive et le second versant de la destiné. De la ces « absences étranges », ces distractions prolongées, que l’on prend pour un affaiblissement mental et qui ne sont en réalité que des explorations momentanées dans l’au-delà, c’est à dire des phénomènes d’expatriation passagère. Voilà ce que l’on ne comprend pas toujours. La vieillesse, a-t-on dit souvent : c’est le soir de la vie, c’est la nuit. Le soir de la vie, c’est vrai ; mais il y a de si beaux soirs et des couchers de soleil qui ont des reflets d’apothéose ! C’est la nuit : c’est encore vrai, mais la nuit est si belle avec sa parure de constellations ! Comme la nuit, la vieillesse a ses voies lactées, ses routes blanches et lumineuses, reflet splendide d’une longue vie pleine de vertu, de bonté et d’honneur !
La vieillesse est visitée par les Esprits de l’invisible ; elle a des illuminations instinctives ; un don merveilleux de divination et de prophétie : elle est la médiumnité permanente et ses oracles sont l’écho de la voix, de Dieu. Voilà pourquoi les bénédictions du vieillard sont deux fois saintes ; on doit garder dans son cœur les derniers accents du vieillard qui meurt, comme l’écho lointain d‘une voix aimée de Dieu est respectée des hommes.
La vieillesse, lors qu’elle est digne et pure, ressemble au neuvième livre de la sibylle qui, à lui seul, vaut le prix de tous les autres, parce qu’il les récapitule et qu’en résumant toute la destinée humaine, il annule les autres livres. Poursuivons notre méditation sur la vieillesse, et étudions le travail intérieur qui s’accomplit en elle. « De toutes les histoires, a-t-on dit, la plus belle, est celle des âmes.» Et cela est vrai. Il est beau de pénétrer dans ce monde intérieur et d’y surprendre les lois de la pensée, les mouvements secrets de l’amour.
La vieillesse envisagée dans toutes sa réalité, ramène l’âme à la vrai jeunesse et à une nouvelle renaissance dans un monde meilleur.
L’âme du vieillard est une crypte mystérieuse, éclairée par l’aube initiale du soleil de l’autre monde.
De même que les initiations antiques s’accomplissaient dans les salles profondes des Pyramides, loin du regard et du bruit des mortels, distraits et inconscients, c’est pareillement, dans la crypte souterraine de la vieillesse que s’accomplissent les initiations sacrées qui préludent aux révélations de la mort.
Les transformations ou plutôt les transfigurations opérées dans les facultés de l’âme par la vieillesse sont admirables. Ce travail intérieur se résume dans un seul mot : la simplicité. La vieillesse est éminemment simplificatrice de toutes choses. Elle simplifie d’abord le côté matériel de la vie ; elle supprime tous les besoins factices, les mille nécessités artificielles que la jeunesse et l’âge mur vous avaient créés, et qui avaient fait de notre existence compliquée un véritable esclavage, une servitude, une tyrannie. Nous l’avons dit plus haut : c’est un commencement de spiritualisation. Le même travail de simplification s’accomplit dans l’intelligence. Les choses admises deviennent plus transparentes ; au fond de chaque mot on trouve l’idée ; au fond de chaque idée on entrevoit Dieu.
Le vieillard a une faculté précieuse : celle d’oublier. Tout ce qui a été futile, inutile dans sa vie, s’efface ; et ne garde dans sa mémoire, comme au fond d’un creuset, que ce qui a été substantiel. Le front du vieillard n’a plus rien de l’attitude fière et provocatrice de la jeunesse et de l’âge viril ; il se penche sous les poids de la pensée comme de l’épi mûr.
Le vieillard courbe la tête et l’incline sur son cœur. Il s’applique à convertir en amour tout ce qui reste en lui de facultés, de vigueur et de souvenirs. La vieillesse n’est donc pas ne décadence : elle est réellement un progrès ; une marche vers le terme : à ce titre c’est une des bénédictions du Ciel.
La vieillesse est la préface de la mort ; c’est ce qui la rend sainte comme la veille solennelle que faisaient les Initiés antiques avant de soulever le voile qui recouvrait les mystères. La mort est donc un initiation.
Toutes les religions, toutes les philosophies ont tenté d’expliquer la mort ; bien peu lui ont conservé son véritable caractère. Le christianisme l’a divinisée ; ses saints l’ont regardée noblement en face, ses poètes l’ont chantée comme une délivrance. Cependant, les saints du catholicisme n’ont vu en elle que l’exonération des servitudes de la chair, la rançon du péché, et à cause de cela même, les rites funéraires de la liturgie catholique répandent une sorte de terreur sur cette péroraison, pourtant si naturelle, de l’existence terrestre.
La mort est simplement une seconde naissance ; on quitte ce monde de la même manière qu’on y est entré, selon l’ordre de la même loi.
Quelques temps avant la mort, un travail silencieux s’accomplit. La dématérialisation est déjà commencée. A certains signes, on pourrait la constater, si ceux qui entourent le mourant n’étaient pas distraits par les choses du dehors. La maladie joue ici un rôle considérable. Elle achève en quelques mois, en quelques semaines, en quelques jours peut-être, ce que le lent travail de l’âge avait préparé : c’est l’œuvre de « dissolution » dont parle l’apôtre Paul. Ce mot de « dissolution » est très significatif : il indique nettement que l’organisme se désagrège. Que se passe-t-il à ce moment suprême que toutes les langues appellent « l’agonie », c’est-à-dire le dernier combat ? On le pressent, on le devine. Un grand poète mourant traduisit cet instant solennel par ces vers : C’est ici le combat du jour et de la nuit, où le périsprit se « délie » du reste de la chair dont il était enveloppé.
En effet, l’âme est entrée dans un état crépusculaire ; elle est sur la limite extrême, sur la frontière des deux mondes et visitée par les visions initiales de celui dans lequel elle va entrer. Le monde qu’elle quitte lui envoie les fantômes du souvenir, et tout un cortège d’Esprits lui arrive du côté de l’aurore.
On ne meurt jamais seul, de même qu’on naît jamais seul.
Les invisibles qui l’ont connu, aimé, assisté ici-bas viennent aider le mourant a se débarrasser des dernières chaînes de la captivité terrestre.
A cette heure solennelle, des facultés s’agrandissent, l’âme, à moitié dégagée, se dilate ; elle commence à rentrer dans son atmosphère naturelle, à reprendre sa vie vibratoire normale, et c’est pour cela qu’à cet instant il se révèle chez quelques mourants des phénomènes curieux de médiumnité. La Bible est pleine de ces révélations suprêmes. La mort du patriarche Jacob est le type accompli de la dématérialisation et de ses lois. Ses douze fils sont réunis autour de sa couche, comme une vivante couronne funéraire. Le vieillard se recueille, et après avoir récapitulé son passé, ses souvenirs, il aperçoit à chacun d’eux l’avenir de sa famille et sa race. Sa vue s’étend plus loin encore ; il aperçoit à l’extrémité des temps celui qui doit un jour récapituler toute médiumnité séculaire du vieil Israël : le Messie, et il montre comme le dernier rejeton de sa race, celui qui résumera toute la gloire de la postérité de Jacob. Aucun pharaon, dans son orgueil, ne mourut avec autant de grandeur que ce vieillard obscur et ignoré qui expirait dans un coin de la terre de Gessen.
Le soir de la vie, c’est la fin d’un pénible voyage et souvent d’une épreuve, c’est le moment de la réflexion où la pensée calme et sereine s’élève vers les régions infinies.
Revenons à l’acte même de la mort. La dématérialisation s’est accomplie, le périsprit se dégage de l’enveloppe charnelle, qui vit encore quelques heures, quelques jours peut-être, d’une vie purement végétative. Ainsi les états successifs de la personnalité humaine se déroulent dans l’ordre inverse de celui qui a présidé à la naissance. La vie végétative qui avait commencé dans le sein maternel s’éteint cette fois-ci, la dernière ; la vie intellectuelle et la vie sensitive sont les deux premiers départs.
Que se passe-t-il alors ? L’Esprit, c’est-à-dire l’âme et son enveloppe fluidique, et, par conséquent, le moi, emporte la dernière impression morale et physique qui l’a frappé sur la terre ; il la garde un temps plus ou moins prolongé, selon son degré d’évolution. C’est pourquoi il importe d’entourer l’agonie des mourants de paroles douces et saintes, de pensées élevées, car ce sont ces derniers bruits, ces derniers gestes, ces ultimes images qui s’impriment sur les feuillets du livre subliminal de la conscience ; c’est la dernière ligne que lira le mort dès son entrée dans l’au-delà ou plutôt dès qu’il aura conscience de son nouveau mode d’être.
La mort est donc, en réalité, un passage ; c’est une transition et une translation. Si nous devions emprunter à la vie moderne une image, nous la comparions volontiers à un tunnel. En effet, l’âme avance dans le défilé de la mort plus ou moins lentement, selon son degré de dématérialisation et spiritualité.
La mort est donc un mensonge, puisque la vie, paraît éteinte, reparaît de plus belle, plus radieuse, dans la certitude de l’immortalité de l’âme. Elle est le réveil béni.
Les âmes supérieures, qui ont toujours vécu dans les hautes sphères de la pensée et de la vertu, traversent cette obscurité avec la rapidité de l’express qui débouche en un instant dans la pleine lumière et la vallée ; mais c’est le privilège d’un petit nombre d’esprits évolués : ce sont les élus et les sages.
Nous ne parlerons pas ici des criminels, des êtres animalisés, aux instincts grossiers, qui ont vécu ou plutôt végété toute une existence dans les bas-fonds du vice ou dans le cloaque du crime. Pour ceux-ci, c’est la nuit, et la nuit pleine de hideux cauchemars. Nous avons peine, cependant, à croire que les frontières de l’au-delà et le passage du temps à la vie erratique soient peuplées de ces êtres effrayants que les occultistes nomment les élémentals. Il ne faut voir là que des symboles et des images, reflets des passions, des vices, des crimes que les pervers ont commis ici-bas. N’envisageons ici que les vies ordinaires, les existences qui suivent tranquillement les phases logiques de leur destinée. C’est la condition commune de la plupart des mortels.
L’âme est entrée dans la sombre galerie : elle y demeure dans l’obscurité ou plutôt dans une pénombre proche de la lumière. C’est le crépuscule de l’au-delà.
Les poètes ont très heureusement rendu cet état et décrit ce demi-jour, ce clair-obscur du monde extraterrestre. Ici, les analogies entre la naissance et la mort sont frappantes. L’enfant reste plusieurs semaines avant de fixer la lumière et de prendre conscience de ce qui l’entoure. Ses yeux ne sont pas encore dessillés, pas plus que la radiation de sa pensée.
Ainsi, le nouveau-né au monde invisible demeure, lui aussi : quelques temps avant de prendre conscience de sa modalité d’être et de sa destinée. Il entend à la fois les murmures lointains ou proches des deux mondes ; il entrevoit des mouvements et des gestes qu’il ne saurait préciser ni définir. Entré à moitié dans la quatrième dimension, il perd la notion précise de la troisième, dans laquelle il avait jusque-là toujours évolué. Il ne se rend plus compte ni de la quantité, ni du nombre, ni de l’espace, ni du temps, puisque ses sens qui, comme autant d’instruments d’optique, lui aidaient à calculer, à mesurer et la peser, se sont refermés tout d’un coup comme une porte à jamais condamnée. Quel état étrange que celui de cette âme qui tâtonne, comme l’aveugle, sur le chemin de l’au-delà ! Et cependant cet état est réel.
A ce moment, les influences magnétiques de la prière, du souvenir, de l’amour, peuvent jouer un rôle considérable et hâter l’avènement des clartés révélatrices qui vont illuminer cette conscience encore endormie, cette âme « en peine » de sa destinée.
La prière, dans ce cas, est une véritable évocation ; c’est le cri d’appel à l’âme indécise et flottante. Voilà pourquoi l’oubli des morts, la négligence de leur culte sont coupables et nous méritent plus tard des oublis semblables.
Toutefois, cette période de transition, cette halte dans le tunnel de la mort sont absolument nécessaires, comme préparation à la vision de lumière qui doit succéder à l’obscurité. Il faut que les sens psychiques se proportionnent graduellement au nouveau foyer qui va les éclairer. Un passage subit, sans transition aucune, de cette vie à l’autre, serait un éblouissement qui produirait un trouble prolongé. « Natura non facit saltus » ( La nature ne fait pas de sauts ) dit le grand Liné ; cette loi régit pareillement les étapes progressives du dégagement spirituel.
Il faut que la vision de, l’âme s’agrandisse, que l’oiseau de nuit, qui ne peut fixer le lever de l’aurore, affermisse sa prunelle et puisse, comme l’aigle, regarder en face le soleil, d’un œil intrépide. Ce travail de préparation s’accomplit progressivement, durant la halte plus ou moins prolongée dans le tunnel qui précède la vie erratique proprement dite peu à peu la lumière se fait d’abord très pâle, comme l’aube initiale qui se lève sur la crête des monts ; puis, à l’aube succède l’aurore ; cette fois-ci, l’âme entrevoit le monde nouveau qu’elle habite : elle se lit et se comprend, grâce à une lumière subtile qui la pénètre dans toute son essence.
Graduellement, toute sa destinée, avec ses vies antérieures et surtout avec la notion consciente et réflexe de la dernière, va se révéler comme dans un cliché cinématographique vibratoire et animé. L’esprit, alors, comprend ce qu’il est, où il est, ce qu’il vaut.
Les âmes vont d’un instinct infaillible dans la sphère proportionnée à leur degré d’évolution, à leur faculté d’illumination, à leur aptitude actuelle de perfectibilité. Les affinités fluidiques les conduisent, comme une brise douce, mais impérieuse, qui pousse une nacelle, vers d’autres âmes similaires, avec lesquelles elles vont s’unir dans une sorte d’amitié, de parenté magnétique ; et ainsi la vie, une vie vraiment sociale, mais d’un degré supérieur, se reconstitue absolument comme autrefois ici-bas, car l’âme humaine ne saurait renoncer à sa nature. Sa structure intime, sa faculté de rayonnement lui imposent la société qu’elle mérite.
Dans l’au-delà se reforment les familles, les groupes d’âmes, les cercles d’esprits, selon les lois de l’affinité et de la sympathie.
Le purgatoire est visité par les anges, disent les mystiques théologiens. Le monde erratique est visité, dirigé, harmonisé, par les Esprits supérieurs, dirons-nous.
Ici-bas, parmi les élus du génie, de la sainteté et de la gloire, il y a eu et il y aura toujours des initiateurs.
Ce sont des prédestinés, des missionnaires, qui ont reçu pour tâche de faire avancer le monde dans la vérité et dans la justice, au prix de leurs efforts, de leurs larmes et quelques fois de leur sang.
Les hautes missions de l’âme ne cessent jamais. Les Esprits sublimes, qui ont instruit et amélioré leurs semblables sur la terre, continuent dans un monde supérieur, dans un cadre plus vaste, leur apostolat de lumière et leur rédemption d’amour.
C’est ainsi, comme nous disions au début de ces pages, que l’histoire recommence éternellement et devient de plus en plus universelle. La loi circulaire qui préside à l’éternel progrès des états spirituels de chacun et des mondes se déroule sans cesse dans des sphères et en des orbes chaque fois agrandis ; tout recommence en haut, en vertu de la même loi qui fait tout évoluer en bas. Tout le secret de l’univers est là.
Les âmes qui ont conscience d’avoir manqué leur dernière existence comprennent la nécessité de se réincarner et s’y préparent. Tout s’agite, tout se meut dans ces sphères toujours en vibration et en mouvement. C’est l’activité incessante, ininterrompue, progressive, éternelle.
Le travail des peuples sur la terre n’est rien en comparaison de ce labeur harmonieux de l’Invisible. Là-haut, aucune entrave matérielle, aucun obstacle charnel n’arrête les élans, ne décourage ou ne ralentit l’essor.
Aucune hésitation, aucune anxiété, nulle incertitude. L’âme voit le but, elle sait les moyens, elle se précipite dans le sens où elle doit l’atteindre.
Qui nous décrira l’harmonie dans ces pures intelligences, l’effort de ces droites volontés, l’élan de ces amours plus forts que la mort ?
Quelle langue pourra redire la communion sublime et fraternelle de ces Esprits qui tiennent entre eux des dialogues ardents comme la lumière, subtils comme des parfums, où chaque vibration magnétique a son écho dans l’âme même de Dieu ? Telle est la vie céleste ; telle est la vie éternelle, et ce sont ces perspectives que la mort ouvre indéfiniment devant nous !
Oh homme ! Comprends donc ton destin, sois fier et heureux de vivre ; ne blasphème pas la loi d’amour et de beauté qui trace devant toi des chemins aussi amples et aussi radieux ! Accepte la vie telle qu’elle est, avec ses phases, ses alternatives, ses vicissitudes ; elle n’est que la préface, le prélude d’une vie plus haute, où tu planeras comme l’aigle dans l’immensité, après avoir péniblement rampé dans un monde matériel et imparfait.
Ce n’est donc point par un hymne funèbre qu’il faut accueillir la mort, mais par un chant de vie ; car ce n’est point l’astre du soir qui se lève, cruel, mais bien l’étoile radieuse du véritable matin.
Chante, ô âme, l’hymne triomphal, l’hosanna du siècle nouveau, dans lequel tout va naître pour des destinées plus glorieuses. Monte toujours plus haut dans la pyramide infinie de lumière ; et comme le héros de la légende d’Excelsior, va planter ta tente sur les Tabors radieux de l’Incommensurable, de l’Eternel.
1. Article envoyé par le « CELA – Centre Spirite Lumière et Amour », pour sa publication sur notre site. Paru à l’origine sur La Vieillesse. Par Léon Denis. – Les Editions Primaveris, pp. 1-16.