Nous vivons dans un monde où l’égoïsme règne en maître et domine la plupart des consciences. La vie sociale est chargée de concurrence, entre individus et toute l’organisation du travail à pour base fondamentale la concurrence et même le chacun pour soi.
Cette organisation de la société engendre beaucoup d’inégalités et d’injustices. Les rapports entre personnes sont eux-mêmes imprégnés de cette organisation qui entraîne des rapports d’indifférence entre individus et les groupes sociaux auxquels ils se rattachent.
Et, tant que les rapports sociaux resterons soumis à une telle insouciance, même si les inégalités sociales sont amoindries, il n’en reste pas moins que les individus tisseront des rapports d’indifférence, ils s’envieront et n’agiront jamais en frères qui se respectent, et s’aime, parce qu’ils s’écoutent et savent être solidaires entre eux, particulièrement dans les moments où la difficulté grandit et les crises sociales et humaines s’accroissent.
Charité et humilité, telle est donc la seule voie du salut ; égoïsme et orgueil, telle est celle de la perdition. Ce principe est formulé en termes précis dans ces paroles : «Vous aimerez Dieu de toute votre âme et votre prochain comme vous-même ; toute la loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux commandements.»
Et pour qu’il n’y ait pas d’équivoque sur l’interprétation de l’amour de Dieu et du prochain, il ajoute : «Et voici le second commandement qui est semblable au premier ;» c’est-à-dire qu’on ne peut vraiment aimer Dieu sans aimer son prochain, ni aimer son prochain sans aimer Dieu ; donc tout ce que l’on fait contre le prochain, c’est le faire contre Dieu.
Ne pouvant aimer Dieu sans pratiquer la charité envers le prochain, tous les devoirs de l’homme se trouvent résumés dans cette maxime : HORS LA CHARITE POINT DE SALUT.
Toute la morale de Jésus se résume dans la charité et l’humilité, c’est-à-dire dans les deux vertus contraires à l’égoïsme et à l’orgueil.
Dans tous ses enseignements, il montre ces vertus comme étant le chemin de l’éternelle félicité : Bienheureux, dit-il, les pauvres d’esprit, c’est-à-dire les humbles, parce que le royaume des cieux est à eux ; bienheureux ceux qui ont le cœur pur ; bienheureux ceux qui sont doux et pacifiques ; bienheureux ceux qui sont miséricordieux ; aimez votre prochain comme vous-même ; faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fît ; aimez vos ennemis ; pardonnez les offenses, si vous voulez être pardonné ; faites le bien sans ostentation ; jugez-vous vous-même avant de juger les autres.
Humilité et charité, voilà ce qu’il ne cesse de recommander et ce dont il donne lui-même l’exemple ; orgueil et égoïsme, voilà ce qu’il ne cesse de combattre ; mais il fait plus que de recommander la charité, il la pose nettement et en termes explicites comme la condition absolue du bonheur futur.
Dans le tableau que donne Jésus du jugement dernier, il faut, comme dans beaucoup d’autres choses, faire la part de la figure et de l’allégorie. A des hommes comme ceux à qui il parlait, encore incapables de comprendre les choses purement spirituelles, il devait présenter des images matérielles, saisissantes et capables d’impressionner ; pour mieux être accepté, il devait même ne pas trop s’écarter des idées reçues, quant à la forme, réservant toujours pour l’avenir la véritable interprétation de ses paroles et des points sur lesquels il ne pouvait s’expliquer clairement.
Mais à côté de la partie accessoire et figurée du tableau, il y a une idée dominante : celle du bonheur qui attend le juste et du malheur réservé au méchant.
Dans ce jugement suprême, quels sont les considérants de la sentence ? Sur quoi porte l’enquête ? Le juge demande-t-il si l’on a rempli telle ou telle formalité, observé plus ou moins telle ou telle pratique extérieure ? Non ; il ne s’enquiert que d’une chose : la pratique de la charité, et il prononce en disant : Vous qui avez assisté vos frères, passez à droite ; vous qui avez été durs pour eux, passez à gauche.
S’informe-t-il de l’orthodoxie de la foi ? fait-il une distinction entre celui qui croit d’une façon et celui qui croit d’une autre ? Non ; car Jésus place le Samaritain, regardé comme hérétique, mais qui a l’amour du prochain, au-dessus de l’orthodoxe qui manque de charité. Jésus ne fait donc pas de la charité seulement une des conditions du salut, mais la seule condition ; s’il y en avait d’autres à remplir, il les aurait exprimées.
S’il place la charité au premier rang des vertus, c’est qu’elle renferme implicitement toutes les autres : l’humilité, la douceur, la bienveillance, l’indulgence, la justice, etc. ; et parce qu’elle est la négation absolue de l’orgueil et de l’égoïsme.
Tant que l’égoïsme commandera les paroles et les gestes des individus, et restera à la base des rapports tissés entre eux, notre monde restera un désert concentrationnaire d’injustices, d’inégalités, de mésententes, et d’envieux qui se disputeront entre eux afin d’obtenir ce qu’ils n’ont pas, au détriment de leur semblable.
Le jour où tous les hommes sauront avoir pour référence et devise le drapeau de la charité, ils vivront solidaires, mutuellement proches et se sentiront heureux de partager cette vertu.
Bibliographie
Article composé, sous la base de l’œuvre d’Allan Kardec, « L’Evangile selon le spiritisme », chap. XV, pour Epadis. De la responsabilité d’André.