Des cancers potentiellement évitables.
Sur 355 000 cancers diagnostiqués chaque année en France, 140 000 pourraient être évités.
Le classement des différents facteurs externes (2) :
Sans grande surprise : le tabac est le premier facteur de risque de cancer et serait à l’origine de 18 % des cancers. 78 000 décès par an sont liés au tabac, dont 47 000 par cancers. Le tabac est responsable de près de 90 % des cancers du poumon mais aussi impliqué dans 16 autres localisations cancéreuses dont la vessie, le pancréas, le col de l’utérus…
A l’origine de 8 à 9 % des cancers : la consommation d’alcool (plus de 15 000 décès par cancers par an) et certaines habitudes alimentaires (consommation excessive de viande rouge et charcuterie, excès de sel, faible consommation de fibres, fruits et légumes)
En troisième position, les expositions professionnelles à des substances cancérigènes (amiante, arsenic, benzène, chrome, chlorure de vinyle, nickel, poussière de bois, …) sont la cause de 4, 5 à 8 % des cancers. Le cancer survient bien souvent plusieurs années après l’exposition et la cessation d’activité.
Certains cancers potentiellement imputables au travail peuvent faire l’objet d’une reconnaissance en maladie professionnelle et donner droit à indemnisation du préjudice subi. Toutefois, selon l’Inserm, seuls 10 % des cancers professionnels seraient reconnus comme tels. Ainsi, plus de 60 % des cancers du poumon possiblement liés au travail ne seraient pas répertoriés comme maladies professionnelles. C’est aussi le cas pour plus de huit leucémies d’origine professionnelle sur dix, et pour la très grande majorité des cancers de la vessie liés aux expositions professionnelles.
En quatrième, l’exposition à certains agents infectieux, qui serait liée à environ 3 % des cancers
En cinquième, trois facteurs à l’impact comparable : le manque d’activité physique ; la surcharge pondérale (surpoids et obésité) et l’exposition aux rayons ultraviolets solaires et artificiels. Cependant, on estime que ces facteurs sont chacun liés à seulement 2 % des cancers
La sédentarité : la pratique quotidienne d’une activité physique permet de diminuer le risque de développer un cancer, notamment du côlon, du sein, de l’endomètre et du poumon. Toute activité physique, même modérée, pratiquée au moins 30 minutes par jour permet de se maintenir en forme au quotidien et de diminuer son risque de développer un cancer
En sixième, la pollution de l’air extérieur (atmosphérique) et intérieur (logement, bureau…). On estime que ce facteur serait lié à moins de 1 % des cancers.
Une répartition très inégale.
Il est à noter que les cancers d’origine infectieuse ne touchent pas de la même manière toutes les régions du globe. Dans les pays en développement, les cas de cancer par infection sont beaucoup plus importants que la moyenne (37% en Afrique subsaharienne contre 3,3% en Australie et 5% en France). Proportionnellement, ces types de cancer touchent une personne sur trente dans les pays développés contre une sur trois dans les pays en développement.
Pour le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC : « Cette étude met en évidence la nécessité de fixer des priorités de lutte contre le cancer au plan national et régional, à la lumière du fardeau des cancers d’origine infectieuse, tout notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire. » Les cancers d’origine infectieuses, dont les hépatites B et C, touchent plus particulièrement les personnes précaires, migrants et usagers de drogues. Elles touchent trois fois plus de personnes que le VIH avec un demi-million de personnes infectées, dont la moitié ignore qu’elle l’est.
Des traitements très simples existent.
Pour les chercheurs, l’application des méthodes de prévention, pour la plupart très simple (vaccination, respect règles d’hygiènes, dépistage des virus…) permettrait d’éviter les cancers de ce type. Des traitements curatifs sont même très simples à appliquer contre la plupart de ces microbes. Ce qui veut dire en d’autres termes qu’avec les bons traitements, 1 cancer sur 6 dans le monde pourrait être évité, selon les chercheurs du Circ. Quant à Papillomavirus, il est facilement repérable si l’on fait un frottis régulier.
Enfin des vaccins contre ce virus ainsi que celui de l’hépatite B sont commercialisés depuis plusieurs années (mais non obligatoires). « Les pays développés, dont la France, ont à leur disposition des moyens efficaces de prévention et de traitement des infections. Mais il faut encore lutter contre certaines réticences à la vaccination et insister sur l’indispensable dépistage du cancer du col de l’utérus », insiste le docteur de Martel. « Toutefois, dans les pays développés, note-t-il, les cancers attribués à Helicobacter pylori représentent encore 46% des cancers d’origine infectieuse, ce qui peut refléter une baisse des investissements dans la recherche ou la prévention pour le cancer gastrique par rapport à ceux du col de l’utérus ou des cancers du foie. »
Les thérapies ciblées.
La mise en évidence d’altérations moléculaires dans les cellules cancéreuses a permis, en décrivant mieux la maladie, d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques puis de développer des thérapies spécifiquement dirigées contre elles. Ces molécules se développent à grande vitesse : fin 2015, un médicament anticancéreux sur quatre était une thérapie ciblée.
Pour soutenir le développement des thérapies ciblées et faciliter leur accès aux patients qui peuvent en bénéficier, l’Institut a mis en place des plateformes de génétique moléculaire des cancers. Il a également lancé plusieurs programmes prospectifs portant sur des biomarqueurs émergents afin d’anticiper l’arrivée de nouvelles thérapies actuellement en cours de développement. Il favorise enfin l’accès des patients aux thérapies ciblées les plus prometteuses à l’aide de plusieurs dispositifs d’essais cliniques portant sur ces molécules, avec ou sans AMM.
Bibliographie
(1) – Données publiées par l’Institut National du Cancer sur internet. Source : leparisien.fr [1] Catherine de Martel, Jacques Ferlay, Silvia Franceschi, Jérôme Vignat, Freddie Bray, David Forman and Martyn Plummer (2012)
(2) – Article issu de Previssima.fr