Né à Rouen, le 11 février 1657, Bernard le Bouvier de Fontenelle est un noble. Vers l’âge de 20 ans il commence à écrire des poèmes sur commande Après une courte carrière en tant qu’avocat, vers ses trente ans, il écrit « Les entretiens sur la pluralité des mondes » un ouvrage scientifique, puis « L’histoire des oracles » œuvre de divulgation scientifique. Cette œuvre est une critique des prêtres et de certains aspects de la religion chrétienne. (1)
Cependant, les jésuites cherchèrent à l’avoir dans leur société.
Neveu des deux Corneille (2), il fut poète ; auteur dramatique, moraliste, philosophe. Il prit parti pour les modernes dont il fut l’un des chefs ; l’opposition que lui firent Racine et Boileau causa quatre fois son échec à l’Académie où il fut enfin élu le 23 avril 1691 en remplacement de Villayer, et reçu le 5 mai suivant par son oncle Thomas Corneille.
Son discours de réception fut très agressif contre les anciens ; il avait eu pour concurrent La Bruyère dont il resta l’adversaire. Membre de l’Académie des Inscriptions, il fut pendant quarante-deux ans à partir de 1699, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, et fit partie de l’Académie de Nancy.
Il collabora au discours du maréchal de Richelieu, reçut Dubois, Destouches, Mirabaud, l’évêque de Bussy-Rabutin, Vauréal. Il vota seul contre l’exclusion de l’abbé de Saint-Pierre, après avoir été l’un des quatre académiciens qui étaient d’avis de l’entendre avant de le frapper. Il fréquenta les salons de la fin du XVIIe siècle et la plupart de ceux du XVIIIe ; il fut surtout un familier du salon de Mme de Lambert que Mathieu Marais surnomma la Caillette de Fontenelle, et à qui il présenta Montesquieu.
Mme de Lambert et Fontenelle lui-même exercèrent sur les élections et l’Académie une influence qui dura vingt ans.
Ses principaux ouvrages sont : les Dialogues des Morts, les Entretiens sur la pluralité des Mondes, la Digression sur les anciens et les modernes, une Histoire des Oracles, une Histoire de l’Académie des Sciences, de 1666 à 1699, des Éloges des Académiciens.
« On peut le regarder comme l’esprit le plus universel que le siècle de Louis XIV ait produit. » (Voltaire) « Il n’eut ni verve ni imagination comme poète, et point d’invention comme savant. » (de Barante).
L’éloge de Fontenelle a été fait par d’Alembert et par Garat : Villemain lui a consacré quelques pages.
Il appartint soixante-six ans à l’Académie, dont il était le doyen. Tout en continuant ses travaux personnels en 1727 il publie « Les éléments de la géométrie de l’infini ».
Fontenelle en 1693 publia une œuvre dont le titre en dit long « Dialogues des morts »
À sa mort, le 9 janvier 1757, il lui manquait un mois pour être centenaire.
Fontenelle et les Esprits frappeurs (3)
Nous devons à l’obligeance de M. Flammarion la communication d’une lettre qui lui a été adressée et qui contient le récit suivant :
Vous vous imaginez probablement, cher monsieur, être le premier astronome qui se soit occupé de Spiritisme ; détrompez-vous ; il y a un siècle et demi, Fontenelle faisait de la typtologie avec mademoiselle Letard, médium.
M’amusant ce matin à feuilleter un vieux manuel épistolaire publié par Philipon de la Madeleine il y a cinquante ans, je trouve une lettre de mademoiselle de Launai, qui fut plus tard madame de Staal, adressée de la part de la duchesse du Maine au secrétaire de l’Académie des sciences, relativement à une aventure dont voici le résumé.
En 1713, une jeune fille nommée Letard prétendit avoir avec les Esprits un commerce tel que Socrate en avait eu avec son démon. M. de Fontenelle alla voir cette jeune fille, et comme il laissait voir dans ses propos quelques doutes sur cette espèce de charlatanisme, madame du Maine (qui ne doutait pas) chargea mademoiselle de Launai de lui écrire à ce sujet.
Philipon de la Madeleine.
On trouve sur ce fait la note suivante dans une édition des œuvres choisies de Fontenelle publiée à Londres en 1761.
Une jeune fille, appelée mademoiselle Letard, excita au commencement de ce siècle la curiosité du public par un prétendu prodige. Tout le monde y courait, et M. de Fontenelle, engagé par Mgr le duc d’Orléans, alla aussi voir la merveille. C’est à ce sujet que mademoiselle de Launai lui avait écrit.
Voici cette lettre :
« L’aventure de mademoiselle Letard fait moins de bruit, monsieur, que le témoignage que vous en avez rendu. On s’étonne, et peut-être avec quelque raison, que le destructeur des oracles, que celui qui a renversé le trépied des sibylles, se soit mis à genoux devant mademoiselle Letard. Quoi ! disent les critiques, cet homme qui a mis dans un si beau jour des supercheries faites à mille lieues loin, et plus de deux mille ans avant lui, n’a pu découvrir une ruse tramée sous ses yeux ! Les raffinés prétendent qu’en bon pyrrhonien, trouvant tout incertain, vous trouvez tout possible.
D’un autre côté, les dévots paraissent fort édifiés des hommages que vous avez rendus au diable ; ils espèrent que cela pourra aller plus loin. Pour moi, monsieur, je suspens mon jugement jusqu’à ce que je sois mieux éclairée. »
Réponse de M. de Fontenelle :
J’aurai l’honneur, mademoiselle, de vous répondre la même chose que je répondis à un de mes amis qui m’écrivit de Marly le lendemain que j’eus été chez l’Esprit. Je lui mandai que j’avais entendu des bruits dont je ne connaissais pas la mécanique ; mais que, pour décider, il faudrait un examen plus exact que celui que j’avais fait, et le répéter.
Je n’ai point changé de langage ; mais parce que je n’ai pas décidé absolument que c’était un artifice, on m’a imputé de croire que c’était un lutin ; et comme le public ne s’arrête pas en si beau chemin, on me l’a fait dire. Il n’y a pas grand mal à cela. Si on m’a fait le tort de m’attribuer un discours que je n’ai pas tenu, on m’a fait l’honneur d’avoir de l’attention sur moi, et l’un ira pour l’autre. Je n’ai pas cru que d’avoir décrié les vieilles prophétesses de Delphes ce fût un engagement pour détruire une jeune fille vivante et dont on n’avait parlé qu’en bien.
Si cependant on trouve que j’ai manqué à mon devoir, une autre fois je prendrai un ton plus impitoyable et plus philosophique. Il y a longtemps qu’on me reproche mon peu de sévérité.
Il faut que je sois bien incorrigible, puisque l’âge, l’expérience et les injustices du monde n’y font rien. Voilà, mademoiselle, tout ce que je puis vous dire sur l’Esprit qui m’a attiré une lettre que je le soupçonnerais volontiers d’avoir dictée, puisque enfin je ne suis pas éloigné d’y croire. Quand il me viendra aussi un démon familier, je vous dirai avec plus de grâce et d’un ton plus ingénieux, mais non avec plus de sincérité, que je suis, etc. »
Remarque. Fontenelle, comme on le voit, ne se prononce ni pour ni contre, et se borne à constater le fait ; c’était de la prudence, ce dont manquent la plupart des négateurs de notre époque, qui tranchent sur ce qu’ils ne se sont pas même donné la peine d’observer, au risque de recevoir plus tard le démenti de l’expérience.
Cependant, il est évident qu’il incline pour l’affirmative, chose remarquable pour un homme dans sa position et dans le siècle du scepticisme par excellence. Loin d’accuser mademoiselle Letard de charlatanisme, il reconnaît qu’on n’en parlait qu’en bien. Peut-être même était-il plus convaincu qu’il ne le voulait paraître, et n’était retenu que par la crainte du ridicule, si puissant à cette époque.
Il fallait toutefois qu’il fût bien ébranlé, pour ne pas dire carrément que c’était une supercherie ; or, son opinion sur ce point est importante. La question de charlatanisme étant écartée, il demeure évident que mademoiselle Letard était un médium spontané dans le genre des demoiselles Fox. (…) Allan Kardec
Bibliographie
1) Informations extraites de la page internet « Bac Français ».
2) Article de la page internet Babelio. Source : Académie Française.
3) Article paru dans la « Revue Spirite » – Variétés – N° de janvier 1864. Signé d’Allan Kardec, conjointement avec d’autre sujets traités.