Nécessité de l’incarnation terrestre.

Centre Spirite Lumière et Amour. (1)

 

En défense de la Loi de la réincarnation.

Pas de Progrès, pas d’Emancipation, sans Réincarnation.

 


Actualité de la réincarnation (suite).



 

Gabriel Delanne

Nécessité de l’incarnation terrestre. (2)


En admettant que le principe spirituel de l’homme a pu passer par la filière animale pour arriver progressivement jusqu’à l’humanité, je ne m’éloigne pas de la tradition spirite, car Allan Kardec, dans son livre La Genèse, admet parfaitement cette possibilité et il la justifie en démontrant que c’est une explication logique de l’existence des animaux et du rôle qu’ils jouent ici-bas. Voici, en effet, comment il s’exprime :

En prenant l’humanité à son degré le plus infime de l’échelle intellectuelle, chez les sauvages les plus arriérés, on se demande si c’est là le point de départ de l’âme humaine.


Selon l’opinion de quelques philosophes spiritualistes, le principe intelligent, distinct du principe matériel, s’individualise, s’élabore, en passant par les divers degrés de l’animalité ; c’est là que l’âme s’essaie à la vie et développe ses premières facultés par l’exercice ; ce serait, pour ainsi dire, son temps d’incubation. Arrivée au degré de développement que comporte cet état, elle reçoit les facultés spéciales qui constituent l’âme humaine. Il y aurait ainsi filiation spirituelle de l’animal à l’homme, comme il y a filiation corporelle. Ce système, fondé sur la grande loi d’unité qui préside à la création, répond, il faut en convenir, à la justice et à la bonté du créateur ; il donne une issue, un but, une destinée aux animaux qui ne sont plus des êtres déshérités, mais qui trouvent dans l’avenir qui leur est réservé, une compensation à leurs souffrances. Ce qui constitue l’homme spirituel, ce n’est pas son origine, mais les attributs spéciaux dont il est doué à son entrée dans l’humanité, attributs qui le transforment et en font un être distinct, comme le fruit savoureux est distinct de la racine amère d’où il est sorti. Pour avoir passé par la filière de l’animalité, l’homme n’en serait pas moins l’homme ; il ne serait pas plus animal que le fruit n’est racine, que le savant n’est l’informe fœtus par lequel il a débuté dans le monde.


Certains philosophes spiritualistes, et même quelques spirites, ont supposé que l’âme ne s’incarnait qu’une fois dans chacun des mondes qui parsèment l’infini. Cette manière de concevoir l’évolution me paraît d’autant plus inexacte que les propriétés du périsprit ne peuvent avoir été acquises que par une longue série d’incarnations terrestres, puisque le périsprit organise son corps physique suivant les lois qui sont particulières à notre planète. Les autres mondes habités de notre système solaire, par le seul fait qu’ils sont à des distances différentes de l’astre central, ont nécessairement des conditions d’habitabilité qui sont dissemblables des nôtres. Il est infiniment probable ; en effet, que les premières formes organisées étant dépendantes des lois biologiques et physico-chimiques en action sur chacun de ces mondes, ont été fatalement différentes sur ces planètes, puisque la pesanteur, la chaleur, la lumière, le potentiel électrique, les gaz composant l’atmosphère, leur pression et les autres facteurs qui concourent à l’entretien et à l’organisation de la vie ont été tout autres sur chacun de ces mondes.


A ces raisons, en quelque sorte d’ordre physico-physiologique, Allan Kardec ajoute les suivantes, qui ne manquent pas non plus d’importance. Voici comment il s’exprime :


Quelques personnes pensent que les différentes existences de l’âme s’accomplissent de monde en monde et non sur un même globe où chaque esprit ne paraîtrait qu’une seule fois.


Cette doctrine serait admissible, si tous les habitants de la terre étaient exactement au même niveau intellectuel et moral ; ils ne pourraient alors progresser qu’en allant dans un autre monde et leur incarnation sur la terre serait sans utilité ; or, Dieu ne fait rien d’inutile. Dès l’instant qu’on y trouve tous les degrés d’intelligence et de moralité, depuis la sauvagerie, qui côtoie l’animal, jusqu’à la civilisation la plus avancée, elle offre un vaste champ au progrès ; on se demanderait pourquoi le sauvage serait obligé d’aller chercher ailleurs le degré au-dessus de lui, quand il le trouve à côté de lui et ainsi, de proche en proche, pourquoi l’homme avancé n’aurait pu faire ses premières étapes que, dans ces mondes inférieurs, alors que les analogues de ces mondes sont autour de lui, qu’il y a différents degrés d’avancement, non seulement de peuple en peuple, mais dans le même peuple et dans la même famille.  

S’il en était ainsi, Dieu aurait fait quelque chose d’inutile en plaçant côte à côte l’ignorance et le savoir, la barbarie et la civilisation, le bien et le mal, tandis que c’est précisément ce contact qui fait avancer les retardataires.


Il n’y a donc plus de nécessité à ce que les hommes changent de monde à chaque étape, qu’il n’y en a pour qu’un écolier change de collège à chaque classe ; loin que cela fût un avantage pour le progrès, ce serait une entrave, car l’Esprit serait privé de l’exemple que lui offre la vue des degrés supérieurs et de la possibilité qui est pour lui le plus puissant moyen d’avancement moral. Après une courte cohabitation, les Esprits se dispersent et, devenant étrangers les uns des autres, les liens de famille et d’amitié, n’ayant pas eu le temps de se consolider, seraient rompus.


A l’inconvénient moral se joindrait un inconvénient matériel. La nature des éléments, les lois organiques, les conditions d’existence, varient selon les mondes ; sous ce rapport, il n’y en a pas deux qui soient parfaitement identiques. Nos traités de physique, de chimie, d’anatomie, de médecine, de botanique, etc…, ne serviraient à rien dans les autres mondes, et cependant ce que l’on y apprend n’est pas perdu ; non seulement cela développe l’intelligence, mais les idées que l’on y puise aident à en acquérir de nouvelles. Si l’esprit ne faisait qu’une seule apparition, souvent de courte durée, dans le même monde, à chaque immigration, il se trouverait dans des conditions toutes différentes ; il opérerait chaque fois sur des éléments nouveaux avec des forces et selon des lois inconnues pour lui, avant d’avoir eu le temps d’élaborer les éléments connus, de les étudier, de s’y exercer. Ce serait chaque fois un nouvel apprentissage à faire, et ces changements incessants seraient un obstacle au progrès. L’esprit doit donc rester sur le même monde, jusqu’à ce qu’il ait acquis la somme de connaissances et le degré de perfection que comporte le monde.


Que les Esprits quittent pour un monde plus avancé celui sur lequel ils ne peuvent plus rien acquérir, cela doit être et cela est. S’il en est qui le quittent auparavant, c’est sans doute pour des causes individuelles que Dieu pèse dans sa sagesse.


Etudions donc à la lumière des découvertes scientifiques contemporaines la filiation qui relie entre eux, non seulement les êtres vivants, mais tous ceux qui les ont précédés sur la terre. On verra se développer alors le panorama grandiose de la vie depuis ses origines jusqu’à l’époque actuelle.
 

Léon Denis

Dans « Le Problème de l’Etre et de la Destiné ». (3)


La réincarnation, affirmée par les voix d’outre-tombe, est la seule forme rationnelle sous laquelle on puisse admettre la réparation des fautes commises et l’évolution graduelle des êtres. Sans elle, on ne voit guère de sanction morale satisfaisante et complète ; pas de conception possible d’un Etre qui gouverne l’univers avec justice. Si nous admettons que l’homme vit actuellement pour la première fois ici-bas, qu’une seule existence terrestre est le partage de chacun de nous, il faudrait le reconnaître : l’incohérence et la partialité président à la réparation des biens et des maux, des aptitudes et des facultés, des qualités natives et des vices originels.


Pourquoi aux uns la fortune, le bonheur constant ; aux autres, la misère, le malheur inévitable ? A ceux-ci la force, la santé, la beauté ; à ceux-là, la faiblesse, la maladie, la laideur ? Pourquoi ici l’intelligence, le génie, et là l’imbécilité ? Comment tant d’admirables qualités morales se rencontrent-elles à côté de tant de vices et de défauts ? Pourquoi des races si diverses, les unes inférieures au point qu’elles semblent confiner à l’animalité ; les autres, favorisées de tous les dons qui assurent leur suprématie ? Et les infirmités innées, la cécité, l’idiotisme, les difformités, toutes les infortunes qui emplissent les hôpitaux, les asiles de nuit, les maisons de correction ?

L’hérédité n’explique pas tout. Dans la plupart des cas, ces afflictions ne peuvent être considérées comme le résultat des causes actuelles. Il en est de même des faveurs du sort. Trop souvent, des justes semblent écrasés sous l’épreuve, tandis que d’égoïstes et des méchants prospèrent.

Pourquoi aussi les enfants mort-nés et ceux qui sont condamnés à souffrir dès le berceau ? Certaines existences s’achèvent en peu d’années, en peu de jours ; d’autres durent près d’un siècle. Et encore, d’où viennent les jeunes prodiges : musiciens, peintres, poètes, tous ceux qui, dès le bas âge, montrent des dispositions extraordinaires pour les arts ou les sciences, alors que tant d’autres restent médiocres toute la vie, malgré un labeur acharné ? De même, les instincts précoces, les sentiments innés de dignité ou de bassesse, contrastant parfois si étrangement avec le milieu où ils se manifestent ?

Si la vie individuelle commence seulement à la naissance terrestre, si rien n’existe antérieurement pour chacun de nous, on cherchera en vain à expliquer ces diversités poignantes, ces anomalies effroyables, encore moins à les concilier avec l’existence d’un Pouvoir sage, prévoyant, équitable. Aucun d’eux n’a pu le résoudre. Considérée à leur point de vue, qui est l’unité d’existence pour chaque être humain, la destinée reste incompréhensible, le plan de l’univers s’obscurcit, l’évolution s’arrête, la souffrance devient inexplicable. L’homme, porté à croire à l’action de forces aveugles et fatales, à l’absence de toute justice distributive, glisse insensiblement vers l’athéisme et le pessimisme.


Au contraire, tout s’explique, tout s’éclaire par la doctrine des vies successives. La loi de justice se révèle dans les moindres détails de l’existence. Les inégalités qui nous choquent résultent des différentes situations occupées par les âmes à leurs degrés infinis d’évolution. La destinée de l’être n’est plus que le développement, à travers les âges, de la longue série de causes et d’effets engendrés par ses actes.

Rien ne se perd ; les effets du bien et du mal s’accumulent et germent en nous jusqu’au moment favorable à leur éclosion. Tantôt ils s’épanouissent rapidement ; tantôt, après un long laps de temps, ils se reportent, se répercutent d’une existence à une autre, selon que leur maturité est activée ou ralentie par les influences ambiantes ; mais aucun de ces effets ne saurait disparaître de lui-même. La réparation, seule, peut les supprimer.


Chacun emporte au-delà de la tombe et rapporte en naissant la semence du passé. Cette semence, suivant sa nature, pour notre bonheur ou notre malheur, répandra ses fruits sur la vie nouvelle qui commence et même sur les suivantes, si une seule existence ne suffit pas à épuiser les conséquences mauvaises de nos vies antérieures. 
En même temps, nos actes de chaque jour, sources de nouveaux effets, viennent s’ajouter aux causes anciennes, les atténuants ou les aggravant. Ils forment avec elles un enchaînement de biens ou de maux qui, dans leur ensemble, composeront la trame de notre destin.


Ainsi la sanction morale, si insuffisante, parfois si nulle, lorsqu’on l’étudie au point de vue d’une vie unique, se retrouve absolue et parfaite dans la succession de nos existences. Il y a une corrélation étroite entre nos actes et notre destinée. Nous subissons en nous-mêmes, dans notre être intérieur et dans les événements de notre vie, le contrecoup de nos agissements. Notre activité, sous toutes ses formes, est créatrice d’éléments bons ou mauvais, d’effets proches ou lointains, qui retombent sur nous en pluies, en tempêtes, ou en rayons joyeux. L’homme construit son propre avenir. Jusqu’ici, dans son incertitude, dans son ignorance, il le construit à tâtons et subit son sort sans pouvoir l’expliquer. Bientôt, mieux éclairé, pénétré de la majesté de lois supérieures, il comprendra la beauté de la vie, qui réside dans l’effort courageux et donnera à son œuvre une plus noble et plus haute impulsion.
 


1. Suite de l’article envoyé par le « CELA – Centre Spirite Lumière et Amour », en mars 2014, pour sa publication sur notre Page.
2. Gabriel Delanne (1924). La Réincarnation. Editions de la BPS, pp. 34-35.
3. Léon Denis (1922). Le Problème de l’Etre et de la Destiné. Union Spirite Française et Francophone, pp. 113-117.