Pédagogie Spirite.
L’Eveil.
Il y a peu de temps, lors d’un exposé spirite, quelques personnes présentes débattaient de la nécessité de s’éveiller. Au cours de l’échange d’idées, s’est posée la nécessité de se réveiller, moralement, et spirituellement.
C’est de cette question, éveil et réveil, que nous allons traiter aujourd’hui.
Si l’éveil consiste à sensibiliser une personne aux questions de la morale nécessaire afin de mieux diriger sa vie, en fonction des autres, c’est-à-dire dans la société où elle est insérée, l’éveil doit se faire le plutôt possible, dès le plus jeune âge.
La pratique de la philosophie spirite, entraine des conséquences pour chacun, dans ses faits et gestes, je dirais dans ses pensées et dans la façon d’entrevoir la vie et comment il va la vivre.
La Doctrine Spirite, étant une philosophie de vie, celle-ci ne peut être vécue sans l’appréhension de son éthique. En effet, il y a une éthique de comportement, plus clairement du rapport de soi-même à l’autre, notre semblable.
Ceci étant dit l’éveil se présente à des degrés divers. Par exemple, on ne peut parler à un enfant comme on parle à un adulte. A chaque tranche d’âge il faut adapter les explications, c’est-à-dire l’explication de la nature et la qualité de l’éveil.
Cet éveil peut se faire par degrés, en fonction du développement de l’enfant. Les enfants ne s’éveillent pas tous de la même façon ni au même rythme, de ce constat apparaît la nécessité d’adapter, très précisément, l’éveil, de l’individualiser.
Si l’action d’éveil se passe avec une classe de plusieurs enfants, ou au sein de la famille, là encore il y a nécessité d’adaptation à l’individualisation de l’éveil à partir du même ensemble de choses à enseigner, à faire passer ou à partager.
Dans la mesure où une famille, n’est jamais très nombreuse, particulièrement la famille occidentale actuelle, je pense qu’il est plus facile d’individualiser l’éveil accordé aux enfants. Ne pas comprendre cela pourrait nous enduire sur une mauvaise piste d’où un déphasage entre ce qu’on voudrait transmettre et la compréhension réelle de l’enfant.
Il est important aussi de comprendre qu’aucun enseignement ne doit comporter, en lui, une aliénation de l’enfant et encore moins une manipulation, il faut permettre à l’enfant de grandir en s’épanouissant tout en mûrissant et structurant ses propres pensés.
Il faut accompagner son évolution, et non l’étouffer, par des raisonnements d’adulte. Souvent imprégnés de conditionnements, moraux étriqués, venant de traditions plus ou moins anciennes et sujettes à un certain obscurantisme, marqué par une foi jetant ses racines dans des traditions religieuses, les plus diverses.
Je ne dis pas que les religions, dans leur généralité, n’ont pas apporté une certaine retenu dans des comportements individuels et les relations sociétales, mais ceci fut accompagné souvent d’aliénation.
Ceci suppose de repenser le rôle de l’adulte, de l’enseignant, du père ou de la mère, et d’œuvrer à sa propre transformation en vue d’une acquisition de principes permettant de ne pas canaliser vers des sentiers bloquants ou étouffants les moyens de réflexion propres à l’enfant.
La famille spirite à un rôle à jouer, très important, dans l’appropriation de la partie morale du Spiritisme, par l’enfant.
La Doctrine Spirite est une philosophie de libération de l’individu, elle touche à des horizons très vastes, puis quelle se fonde dans la réincarnation et donc dans l’immortalité de l’Esprit, après la mort de son enveloppe physique et de la nécessité de revenir ou de renaître autant de fois que nécessaire à son perfectionnement, sur la longue route de l’évolution.
C’est ici que la question d’un éveil réfléchi, libérateur de l’enfant en vue de le préparer à devenir une personne adulte, structurée, par des principes de moralité, qui tiennent compte du fait que la personne humaine, n’est pas qu’un morceau de chaire, mais que son individualité intègre l’Âme, l’union du corps et du périsprit, à l’Esprit, lui-même ; qui est l’Être fondamental et pensant, dirigeant l’Âme et la conduisant en fonction de la capacité évolutive atteinte par cet Être.
Des nouveaux champs de recherche et de créativité s’offrent aux spirites, sur le terrain d’une nouvelle éducation, qui aie pour conséquence un renforcement de la capacité de l’Esprit réincarné à se voir en tant qu’étincelle de Vie, composé d’une partie matérielle, le corps, et d’une autre partie qui résulte de la quintessence de la matière spiritualisée, le périsprit, qui n’est autre que l’intermédiaire fonctionnel de l’Esprit, agissant sur le corps.
C’est particulièrement aux spirites, particulièrement ceux qui exercent déjà la profession d’éducateurs, professeurs, à tous les niveaux, appartenant à l’enseignement étatisé ou privé, de faire renaître un enseignement de qualité, fondé sur les principes de la Codification, des acquis ultérieurs de celle-ci, à la lumière de l’actualité scientifique de notre époque.
Le Réveil.
Nous allons border maintenant la question du réveil. Il est vrai que l’éveil et le réveil constituent, pour les spirites, les deux jambes de la transformation morale et spirituelle de l’individu. Si l’éveil est la sensibilisation de la personne à la connaissance et à l’appréhension des certains principes. Le réveil est l’action de sortir de l’endormissement dû à des conditionnements, souvent ancestraux divers et variés.
Notre temps, après les acquis accumulés par plusieurs siècles de recherches scientifiques, nous place dans une nouvelle époque historique, à laquelle doit correspondre la maturité et le progrès moral de l’individu.
Nous ne pouvons rester limités par les conquêtes techniques et technologiques, sans avancer sur le terrain des conditions morales nouvelles, exigées par ce même progrès. Il faut bouger, il faut bousculer un certain nombre de freins existants collectivement dans la société.
Nous avons besoin de libérer l’esprit, sans cette libération les connaissances scientifiques n’iront plus avant. Dans tous les cas elles doivent être accompagnées d’une nouvelle connaissance du Soi, de l’Être qui les engendre, dans toute son expression et amplitude, dans toute sa profondeur.
Les études réalisées ses derniers siècles par la science, au tour de la personne, ont fait le tour de la connaissance sur la constitution organique corporelle et de son fonctionnement. Le temps est arrivé de faire un pas, peut-être même un grand pas, en avant, sur le terrain de la complexité de cet Être, dont la connaissance somatique ne suffit plus à comprendre certaines de ses fonctions et réactions, puisqu’elles ne sont pas de l’ordre du physique mais du psychique.
C’est ce terrain qui est à l’ordre du jour de la recherche scientifique. Le chemin qui nous y conduit n’est pas à vraiment parler nouveau ni inconnu.
Depuis longtemps, et particulièrement avec l’apparition du Magnétisme et du Spiritisme, des nouvelles sources de recherche et d’information nous ont permis d’enrichir le savoir et de mettre en place de nouvelles recherches concernant la personne humaine dans toute sa complexité ou au dire de certains confrères, dans son intégralité.
Le Spiritisme a ouvert des chantiers scientifiques en créant et mettant en place les premiers moyens matériels des recherches psychiques et psychologiques, qui ont permis à la science de s’en emparer et d’approfondir cette voie. Le matérialisme qui la marqué, ne retire rien à l’audace spirite. Et même si pendant une période ceci est apparu comme une négation des phénomènes spirites, le temps c’est chargé de remettre les pendules à l’heure. Les spirites savent aujourd’hui où en sont les choses de la science et vers quelles voies elle se dirige.
Alors le réveil, est là, dans cette renaissance et dans l’intérêt qui sera à nouveau porté aux idéaux, aux phénomènes et aux enseignements spirites. Le temps avance dans cette direction et nous devons en prendre conscience et nous préparer aux « craquements » qui se produiront.
Si nous ne mettons pas notre grain de sel, d’autres s’en empareront, et à notre place ils feront ce que bon leur semblera. Eveil, réveil, les temps sont là. Une nouvelle approche fait jour, une nouvelle impulsion advient nécessaire. Spirites, retroussons nos manches, au travail !
Analysant et comprenant l’enfant.
Dans le livre « O Homem integral » (L’Homme intégral) du médium Divaldo P. Franco et l’Esprit Joanna de Angelis, au chapitre 6, Mecanismos de evasão (Mécanismes d’évasion), page 89, nous lisons :
« La large période de l’enfance psychologique des créatures est un des plus graves problèmes, dans le cadre du comportement humain.
L’enfant, habitué, à voir ses propres nécessités et désirs résolues, sans maturité, par les adultes, parents, éducateurs, membres de sa famille, amis, ou seulement écouté par la violence du clan et de la société, fini par refuser de grandir, évitant ainsi les responsabilités qu’il doit affronter.
Dans le premier cas, parce que tout lui arrive facilement entre ses mains, il se complait dans un âge enfantin plus long, croyant que la vie n’est qu’un jouet, ainsi son stage égocentrique doit rester, malgré le changement de son identité biologique, dont il ne se rend pas compte. Pensant qu’il a tous les droits, il crée des mécanismes inconscients d’évasion de ses devoirs, en réagissant par des attitudes aussi diverses que ridicules, démontrant par-là sa période d’infantilités.
Dans le deuxième cas, l’enfant se sentant trompé par ce qu’on lui avait offert, avec de la mauvaise volonté ou ce qui lui a été simplement refusé, va balancer entre une tranche d’âge à une l’autre, sans se libérer des séquelles produites par sa frustration, il va chercher à réaliser ses désirs suffoqués, toujours aussi vifs, dès qu’une opportunité de réalisation se présente à lui.
Dans les deux cas, son développement émotionnel ne correspond, ni à son développement physique ni intellectuel, qui ne sont affectés par les phénomènes psychologiques de l’immaturité. »
Quelle que soit l’éducation reçue par l’enfant, on ne peut en aucun cas se permettre de ne pas tenir compte de ses sentiments, sa tendance et son expression. Une analyse profonde de son caractère est nécessaire.
Faute d’une telle attention, tout effort fait pour l’éveiller, n’aura qu’un résultat limité ou partiel. Son épanouissement est essentiel, parce qu’il déterminera, au moins pour partie son devenir.
Hors, c’est ici qui se trouve le nœud entre éveil et réveil, qui ne s’opposent point, mais qui se complètent. Les deux étapes sont interdépendantes.
Nous pensons que les conséquences d’une éducation, d’abord en tant qu’éveil, puis en tant que réveil, de l’enfant, nécessite de multiples attentions et d’une adaptation croissante qui doit suivre et accompagner chacune de ses tranches d’âge.
Une fois de plus, il faudra que les chargés d’éducation, les parents et autres intervenants tiennent absolument compte de l’évolution personnelle de celui et de ceux auprès de qui ils interviennent.
Il est clair que l’éducation ne peut plus se cantonner aux seuls besoins de la condition physique de l’individu, enfant ou adulte, mais plus que jamais celle-ci doit aborder la question intégrale de l’humain, à savoir : L’être physique, l’être spirituel, et le cadre de sa sociabilité, le long des générations. L’éducation spirite est ici d’un grand apport, particulièrement, mais sur ce point elle ne sera pas seule, à entendre et en éveillant l’enfant sur le fait qu’il est un être réincarné.
La réincarnation est aujourd’hui un fait scientifique. La seule loi capable de permettre la compréhension des multiples réactions de l’enfant, des jeunes et des adultes. Par elle et son enseignement bien des faits et des choses pourront être comprises et expliquées, chez l’entité humaine.
Reprenons la lecture de « O Homem integral » en page 91 : « En n’améliorant pas les sentiments de solidarité et du devoir, on croit tout mériter, au détriment de l’effort à être utile à son prochain et à la communauté, oubliant les fausses nécessités tout en devenant un élément de production en faveur du bien général. Émotionnellement instable, choisissant la fuite, tout en cherchant d’autres soutiens, l’homme transférera vers la personne aimée les responsabilités et les préoccupations qui lui appartiennent, en transformant les liens affectifs qui adviendront insupportables à celui vers qui il transfère les responsabilités.
Parfois, cette immaturité psychologique réagi par de la violence, de l’agressivité, conséquence des caprices enfantins, que la vie et les relations sociales n’ont pas pu résoudre. Cette insensibilité émotionnelle dominera l’individu, qui se disloque, par évasion psychologique, et de son milieu ambiant et des personnes avec qui il vit, économisant les casse-têtes et ne valorisant que ses propres problèmes, qui le font souffrir, tout en exprimant sa froideur face aux souffrances de son prochain.
L’homme naît pour son auto réalisation, il fait partie du groupe social où il se trouve, afin de le promouvoir et de grandir avec lui. Les problèmes doivent lui servir de stimulation face aux défis, sans lesquels la peur prendra place sur le champ de son activité, en se démotivant face à la lutte. »
« L’homme seul, représente un gâchis, une moins-value sociale, perturbatrices pour la collectivité. »
Nous sommes bien d’accord, que l’homme (jeune et moins jeune) désarticulé, hors de l’utilité sociale, chômeur, laissé pour compte, oublié des autres, représente un véritable gâchis. En tant qu’individu, l’homme est, au point de vue relationnel, un être collectif. Il grandi et améliore sa personnalité, dans le contact et la relation aux autres, en famille, au travail, et dans toute autre forme d’engagement social. Et aussi en contact avec toutes les autres formes de vie existantes dans son milieu naturel.
L’homme reçoit et donne. Par cet échange il améliore son sens de la solidarité, de la fraternité, de la justice et du travail au bénéfice de la société, il se libère et se responsabilise. En un mot il travaille à son émancipation.
Préparer aujourd’hui l’homme et la société de demain se doit être le rôle de l’Enseignement Spirite.
Bibliographie
Cet article fut écrit et traduit par EPADIS, résulte des extraits de l’œuvre « O Homem Integral » de l’auteur spirite brésilien Divaldo P. Franco et de Joanna de Angelis (Esprit), Chap. 6 « Mecanismos de evasão », pag. 89.